Appelons ça le “syndrome Corinne”. Et détaillons. D’abord, il y a un groupe anglais, sûr de lui, qui jouit du succès de Nights Out. Metronomy a une ambition, mêler pop et musique électronique, projet louable en soi, une bonne idée même, qui peut mener à quelques franches réussites (pensons par exemple à Bibio et son Ambivalence Avenue). L’autre ambition de Metronomy, c’est de remettre la guitare basse et les basses en général au centre de la musique. Le projet est bien ambitieux. Autrement dit, Metronomy veut refaire de la pop comme dans les années 80 avec les moyens de 2011. Et pourquoi pas ?
Prétention pop mal placée, Metronomy ajoute à sa salade des voix un peu niaises sur des mélodies pas franchement rafraichissantes, novatrices ou même efficaces. Quelques bons espoirs naissent, avec des “The Look” ou des “The Bay” presque inspirés. Le reste demeure dans sa médiocrité. On ne s’y dandinerait même pas. “She Wants” a son envolée efficace et provoquerait presque un mouvement d’hormones autour de l’oreille. Mais sinon, calme plat dans les neurones. L’illumination est bien loin. Les chansons sont comme un papier peint des années 60. C’est intéressant, mais personne ne mettrait ça dans sa chambre aujourd’hui. Les couleurs pastel et les cercles qui s’emboitent, jamais ! Avec les moyens d’aujourd’hui, Metronomy sent la poussière déjà digérée. Un album vieux avant même d’être né.
Mais il y a “Corinne”. “Corinne”, c’est le péché que Metronomy essaie de cacher, ce côté décomplexé sans ambition, juste bon enfant, avec les synthés de “Enola Gay” et une ligne mélodique simple comme un tube de l’été. Un refrain rentre-dedans impossible à se sortir de la tête. “Corinne”, c’est l’histoire d’une fille qui serre le cœur, tellement forte et gracieuse quand elle danse qu’on ne peut lui résister. On baisse les armes face à elle. On se rend. “Corinne”, c’est le résumé de l’album de Metronomy. Le groupe se bat, encore et encore, contre son démon “Corinne”, à trop enjoliver d’artifices ses chansons et en oublier la moelle vitale : « She just wants to dance all the time ».
“Corinne” a tout compris, pas Metronomy. C’est le titre cheveu sur la soupe du disque qui se révèle comme le meilleur. Le reste n’est que prétention inutile et tentative de révolution par un groupe qui n’a finalement pas le talent pour faire autre chose que des tubes de l’été.
“Corinne” cannibalise donc tout l’album, The English Riviera n’existe plus que par et pour cette chanson. Même plus d’envie d’écouter le reste pour être sûr de ne rien manquer, de passer à côté d’un tube. C’est “Corinne” qui nous obsède, rien qu’elle qu’on veut, encore et encore.
Metronomy n’aurait jamais dû tenter de masquer ses vieilles envies 80s et se laisser porter par le souffle de “Corinne”. Ils sortent quand même The English Riviera chez Because Music, mais ça fera cher pour un single.
Note : 3/10