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Bob Dylan #2 : Mama You Been On My Mind

Par Nathan Fournier, le 10-04-2011
Musique
Cet article fait partie de la série 'Bob Dylan' composée de 7 articles. L'histoire de Nathan avec Bob Dylan. Voir le sommaire de la série.

Bob et Joan. Ils se sont trouvés comme dans un rêve, l’alchimie parfaite. Ils avaient tous les deux le détail de plus que les autres. Ils étaient l’équilibre. La voix nasillarde de Dylan et la puissante pureté de Joan, l’incessante bougeotte de Bob face au calme de sa compagne. D.A Pennebacker a figé à jamais un de ces moments d’apesanteur créatrice, quand, perdu dans ses pensées, Dylan écrit, alors que Joan chante “Percy’s Song” . Il y a là toute la beauté de leur couple, qui durera finalement à peine plus qu’une chanson.

Si on connait “Mama You Been On My Mind”, c’est surtout à cause d’une version inoubliable, quand en 1964, Bob Dylan appelle sa muse de toujours sur scène. Ils sont un peu soûls, ils s’amusent beaucoup, se trompent dans les paroles, font un concours de vocalise. Joan Baez gagne allégrement d’ailleurs. Ensuite, elle chantera un “Silver Dagger” à pleurer, sans que Dylan n’intervienne réellement, comme s’il la mettait en avant avec fierté. Il lui doit bien ça. C’est Joan qui l’a couvé, protégé et fait éclore finalement. C’est Joan qui lui a bâti son piédestal d’air et qui a catalysé son charisme.

Mais “Mama You Been On My Mind” est tout sauf une chanson à boire. Et la chanter avec Joan Baez est annonciateur. Elle a beau le sortir de l’anonymat, le jeune Dylan se voit plus beau que ça. Et, sans raison apparente, il laissera Joan seule sur le bord de la route. Il s’éloignera peu à peu. Un peu comme un abandon. Preuve qu’il veut demeurer à jamais sans attaches. Il n’y a pas pour autant d’animosité, du regret ou des remords, juste une certaine lassitude. Compréhensible. D’ailleurs Joan Baez ne semble pas lui en vouloir. Bob Dylan reste l’homme de sa vie, elle en parle encore avec humour et un voile dans la voix. Pourtant, il est parti.

When you wake up in the mornin’, baby, look inside your mirror.
You know I won’t be next to you, you know I won’t be near.
I’d just be curious to know if you can see yourself as clear
As someone who has had you on his mind.

Mais quand il chante “Mama You Been On My Mind” sans Joan, seul, à la guitare ou au piano, comme souvent, tout prend sens. Toute la délicatesse que l’alcool cachait en 1964 apparaît. Toute l’ironie qu’on entendait s’évapore, c’est Dylan nu qui se dessine. Et tout le tragique qui va avec. Comme si son art avait pris le dessus sur ses sentiments, et qu’il devait quitter Joan pour avancer.

Onze ans après, Bob et Joan seront réunis à nouveau sur scène, pour le Rolling Thunder Revue, à chanter “Mama You Been On My Mind” avec la même fougue d’antan. Comme si rien ne s’était passé. Comme si l’oubli avait frappé leurs esprits brumeux. Comme si Joan l’avait pardonné.

>> A lire également, l’épidode #1 : I Have a Dream

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