The Mars Volta avait prévenu, “The Bedlam In Goliath”, leur quatrième album devait être plus accessible, plus commercial, avec des titres respectant des formats de chansons plus conventionnels. A l’arrivée la tracklist est la suivante – 01) Aberinkula 5:44 /02) Metatron 8:11 /03) Ilyena 5:35 /04) Wax Simulacra 2:38 /05) Goliath 7:15 /06) Tourniquet Man 2:37 /07) Cavalettas 9:32 /08) Agadez 6:43 /09) Askepios 5:10 /10) Ouroborous 6:35 / 11) Soothsayer 9:07 /12) Conjugal Burns 6:35 – et le nom et la durée des chansons garantissent que rien n’a vraiment changé.
Effectivement avec ce troisième album en moins de trois ans, les ex At The Drive-In continuent de cultiver leur goût pour le patchwork musical sans limite, toujours guidé par une approche artistique proche de celle de Pink Floyd. Rock, jazz, soul, expérimental, hardcore, Mars Volta brasse toutes les cultures pour en ressortir un condensé toujours inimitable. Epaulé par un nouveau batteur de formation jazz, le groupe franchit un nouveau pallier technique et s’écoute de plus en plus comme ces pépites jazz des années 70 qui nous laissent bouche bée face à la dextérité d’un solo, d’un break. Certes il y a un peu de changement : l’album se veut plus direct, les intros expérimentales ou aux allures de jam ont été relayées à la fin des titres, tandis que ces derniers contiennent quasiment tous leur lot de sauvagerie rock.
Au niveau émotionnel, la voix de Cedric s’impose toujours dans le mélange diva soul / chanteur hardcore et l’ensemble dégage une sensation de condensé des passages les plus riches des précédents albums. On y retrouve des titres contenant à eux seuls assez d’idées pour un EP complet (Metatron), des coupures typiquement Mars Voltiennes (Askepios, Yliena), des voix vocodées (Cavalettas), des riffs tueurs (Wax Simulacra), du solo en boucle, de la wah-wah, des incursions electro ; les chansons ne laissent aucun moment de répit. C’est d’ailleurs un peu la limite des hispano-américains : les chansons sont trop riches et le tout manque de retenue, au point que les plus longues chansons peuvent finir par épuiser l’auditeur. Autre reproche, le chant reste un peu trop monocorde et une certaine lassitude pourrait apparaître à la sortie des prochains albums, surtout si Omar n’arrive pas à se détacher de son rôle de guitare héros.
La question du renouvellement du groupe se pose ainsi pour la première fois, mais au final, The Mars Volta continue d’être ce groupe si différent, sans limite, qui fait de la musique selon ses propres règles quitte à être parfois pompier ou trop extravagant. Il incarne à lui seul l’héritage des grands (de Pink Floyd à Led Zep), et le fait qu’Omar Rodriguez-Lopez et Cedric Bixler-Zavala viennent d’annoncer qu’ils quittaient leur maison de disque afin de pouvoir sortir des albums plus régulièrement (un tous les six mois ?) comme à la grande époque, ne fait que confirmer cette impression.
Note : 8,5/10