Après avoir vu « Elections 1 & 2 », nombreux sont ceux qui ont vu en Johnnie To, une réincarnation de la violence d’un Kitano. Cette erreur, dans laquelle j’étais aussi tombé, consistait à penser que ce diptyque était les premiers faits de guerre d’un jeune réalisateur nerveux et ambitieux. Pas du tout, il s’agissait des premiers travaux médiatisés en France de Johnnie To, réalisateur Hong Kongais surproductif qui a déjà à son actif une trentaine de film. Cependant la comparaison avec Takeshi Kitano était néanmoins des plus pertinentes car si les deux réalisateurs partagent un goût pour la violence froide, ils développent aussi chacun à leur manière des films légers où se croisent humour et poésie.
« Sparrow » sa nouvelle comédie, qui a été réalisé parallèlement aux « Elections » et qui, comme chez Kitano, vient se positionner entre deux films sombres, raconte l’histoire de quatres pickpockets qui tombent sous le charme d’une même femme. Cette dernière, sous le jout d’un des parrains de la ville, cherche en réalité à convaincre les quatre hommes de dérober sa liberté métaphoriquement représentée par une clef portée au coup du parrain. Johnnie To, réalisateur à la croisée des cultures, mélange dans ce film le cinéma américain des années 50 et la sensibilité asiatique. Tout est d’une légèreté exemplaire comme une comédie musicale sans chanson. Le scénario n’a rien de complexe et est même d’une simplicité exemplaire, car l’objet de narration ne se situe pas dans l’histoire mais dans la manière de filmer la ville.
« Sparrow » est ainsi l’occasion pour Johnnie To de démontrer une fois de plus sa virtuosité technique, « la scène des parapluies » qui intervient à la fin du film est à ce sujet un modèle de stylisation tout en retenue. Clairement « Sparrow » donne encore plus envie de découvrir le reste de la filmographie de Johnnie To.
Note : 7,5/10