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HELLBOY II de Guillermo Del Toro

Par Benjamin Fogel, le 31-10-2008
Cinéma et Séries

Début 2008, lorsqu’on me demandait quels étaient les trois films que j’attendais le plus cette année, je répondais sans hésitation, The Dark Night, Watchmen et Hellboy II, soit trois films de super héros. Pour des raisons qui sont sûrement à chercher dans l’enfance et dans l’inconscient collectif, le film de super héros a toujours provoqué l’émoi des cinéphiles bercés par la pop culture, et je ne comptais pas faire dans l’originalité. Qu’en est-il alors 11 mois plus tard ? Et bien, le Batman aura dépassé toutes mes attentes se positionnant en tête de classement, le Watchmen ne sortira qu’en mars 2009 mais laisse toujours augurer du meilleur comme le prouve les webepisodes, et le Hellboy II, quant à lui, récoltera la palme de la petite déception de l’année.

Pourquoi Hellboy II déçoit ? Premièrement parce que c’est le nouveau film de Guillermo Del Toro, l’un des plus brillants réalisateurs contemporains dont le précédent film (Le Labyrinthe de Pan) était un pur chef d’œuvre plein de poésie et de magie, et que forcément on en attendait beaucoup. Deuxièmement parce que c’est la suite d’Hellboy dont les défauts étaient censés être justifiés par son rôle de prélude à la claque que serait Hellboy II. Troisièmement, parce que Hellboy est un personnage super riche et qu’il y avait ici matière pour Del Toro à détrôner Tim Burton dans les sommets du conte contemporain à la croisière des influences.

Car oui Hellboy II réunit tous les ingrédients propres à créer la magie : des personnages géniaux (Hellboy et Abraham Sapien, alias Red et Blue), un univers entre Harry Potter et le Seigneur des Anneaux, le tout bercé dans une ambiance bad ass avec flingues et cigares, bref un monde complètement abstrait que seul Guillermo Del Toro pouvait mettre en œuvre. Et le pire c’est qu’il y arrive. Le bestiaire regorge d’inventivité, chaque monstre, chaque personnage étant à lui seul une œuvre d’art en terme d’imagination ; les décors sont somptueux et on s’émerveille devant ce géant qui sort de terre pour révéler l’entrée de la cachette des légions d’or ; et les mouvements de caméra permettent une intronisation parfaite dans ce petit monde.

Alors que s’est-il passé ? Et bien à force de vouloir livrer un film visuellement parfait, une grosse production qui aurait gardé ses réflexes indés, Guillermo en oublie le plus important : un bon scénar, des bons dialogues et la condamnation des blagues à l’américaine. Du coup, on se retrouve avec une histoire prévisible comme pas deux, qui traite par-dessus la jambe ses thématiques les plus intéressantes : le rejet d’Hellboy par les humains, son humanisation/déhusmanisation, la paternité, le riche passé de ses différents personnages… On a à faire à des rôles ridicules comme celui de Tom Manning et à des explications un peu faciles (l’exclusion de John Myers qui était l’un élément central d’Hellboy I). On doit se dépêtrer avec des scènes de dialogues mal choisies tant elles oublient l’essentiel. Je ne sais pas l’ensemble manque de profondeur, de sérieux, et de poésie.

Pourtant l’on ne peut nier l’immense réussite des plus belles scènes du film qui clouent au siège. On peut citer entre autre le combat contre l’esprit de la forêt dont la mort se confond avec la vie en recouvrant la ville de végétations luxuriantes. Ou encore ce passage bien venu donnant du réalisme au film ou Red et Blue se saoulent à la bière en parlant de leurs problèmes sentimentaux respectifs (Doug Jones qui aime décidément beaucoup se déguiser est vraiment très bon).

Mais, il manque à Hellboy II la noirceur qui doit accompagner chaque conte ; et Hellboy 3 pour convaincre devra se débarrasser de cet humour hasardeux et de certaines lourdeurs comme utiliser la chanson « Beautiful Freaks » de Eels pour expliciter les sentiments de Hellboy.

Voilà, malgré la déception, Hellboy II reste un film plein de qualité et à l’imaginaire débordant… mais, mais il aurait pu être tellement plus.

Note : 6,5/10