Aa
X
Taille de la police
A
A
A
Largeur du texte
-
+
Alignement
Police
Lucinda
Georgia
Couleurs
Mise en page
Portrait
Paysage

Paris / le 03 novembre 2008. Chronique d’une soirée concert réussi, Okkervil River fait presque dans le sans faute. Tout d’abord, le choix de la salle. Hasard des programmations, je n’avais encore jamais mis les pieds à l’Alhambra, une salle qui ne manque pas de qualités. Située à République, facile d’accès et riche en bar pour prolonger la soirée, L’Alhambra marque déjà des points par rapport à des salles comme la Maroquinerie. Au niveau de l’intérieur, ce théâtre qui se voit désosser de ses sièges au rez-de-chaussée, rappelle la Cigale en plus épuré. La scène est haute (j’ai encore en travers de la gorge la frustration de n’avoir rien vu à From Monument To Masses au Galz’art), la visibilité parfaite et le son tout à fait à mon goût. Dégageant une ambiance spéciale, entre la salle classe et le squat à l’arrache, j’espère avoir l’occasion d’y retourner très prochainement.

Pour continuer, des premières parties idéales. Lawrence Arabia et Katrine Ottosen. Les anglais de Lawrence Arabia ont sorti leurs compositions de groupe de seconde zone avec entrain, entre folk et pop à la Babyshambles, et remplirent parfaitement leur rôle de chauffeur de salle. Quant à Katrine Ottosen, c’est typiquement le genre de première partie que j’adore, quelque chose de tellement nul que c’est aussi marrant que de regarder une bonne vielle série Z. Franchement entre se faire chier avec des groupes corrects mais inintéressants et se taper des barres de rire avec l’ami Marien devant ce semblant de chanteuse, mon choix est vite fait. Alors Katrine Ottosen, c’est une fille incroyablement belle, de celles qui n’ont qu’à faire une petite moue aguicheuse pour que l’ingé-son s’exécute (l’ingé-son n’ayant habituellement que peu d’égard pour la première partie), de celles qui provoquent l’émoi dans la salle et déclenchent des petits ricanements débiles de la part des hommes (je n’ai d’ailleurs moi-même pas pu résister à quelques corrélations entre l’attention que je portais à ces piètres compositions et les qualités physiques de la demoiselle). Dans la série femme fatale qui sait jouer de sa fausse naïveté pour conquérir son public, elle se pose un peu là ! Mais bon je ne suis pas tombé dans le piège de sa voix « sexuellement connotée » et de sa petite tête d’ange perfide, non je suis resté focalisé et objectif afin de bien réaliser combien sa musique était infâme. Oui la belle Katrine nous a infligé 30 minutes de sa jolie voix (j’entends par « jolie », commune à n’importe quel sosie de Feist) posée sur des instrumentations faîtes à 100% de sons Fruity Loops. Que c’était infâme ! Mais qu’est ce qu’on s’est marré ! Enfin, j’espère vraiment que Will Sheff se la tape, c’est la seule explication plausible à sa présence hier soir !

Ensuite il y avait le public. Un public majoritairement composé d’étrangers, un public éduqué, habitué à aller à des concerts. Un public qui sait quand il faut fermer sa gueule et quand il faut se laisser aller. Un public qui se laisse toucher par les compositions mais que l’on surprend à sautiller dès que les guitares en laisse entrevoir la possibilité. Après les ambiances déplorables que j’ai du subir lors par exemple du dernier concert de Radiohead à Bercy, j’étais bien content de n’être entouré ni par les habituelles newbies qui ne cessent de taper dans leurs mains, ni par les fans qui ne peuvent s’empêcher d’hurler les paroles afin de couvrir la voix de leurs idoles, ni par les bœufs adeptes des blagues lourdes, ni par les vieux conservateurs qui appréhendent les concerts comme une représentation théâtrale qui ne souffrirait le moindre mouvement. Franchement être avec des gens qui appréciaient la musique et avaient juste l’air de vouloir en profiter au maximum, c’était vraiment plaisant.

Mais bon le plus important dans cette soirée, ce fut bien sûr la prestation de grande qualité livrée par Okkervil River. Tout d’abord, si la voix de Will Sheff me touche souvent, je ne m’attendais pas à être confronté à un show man de cette ampleur. A la fois émouvant et entraînant, Will Sheff mène d’une main de maître sa petite troupe. Tout le monde est à l’unisson pour soutenir sa voix. Les titres s’enchaînent dans une ambiance étrange, à la fois folkloriques et joyeux, tristes et émouvants. La majorité des albums y passent dont trois titres tirés du génial « The Stand Ins ». Les frissons me parcourent le dos sur le titre phare de « Black Sheep Boy ». Trompette, accordéon et claviers rappellent que le groupe sait utiliser les mêmes arguments qu’Arcade Fire. Voilà c’était beau…