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WATCHMEN de Zack Snyder

Par Benjamin Fogel, le 19-03-2009
Cinéma et Séries
Comme beaucoup des fans, j’ai toujours rêvé d’une adaptation cinématographique du chef d’œuvre d’Alan Moore, mais comme beaucoup de fans j’ai également toujours redouté une telle adaptation, la déception étant toujours le corollaire de ce genre de projet. Aussi quand j’ai appris que c’était Zack Snyder, un type loin d’être réputé pour sa finesse, j’étais assez partagé : d’un côté les premières images excitantes, fidèles à l’esprit et des premiers échos positifs, de l’autre la certitude qu’on ne pouvait résumer en un film la complexité de l’œuvre Watchmen, qu’on en tirerait rien de moins qu’un sombre résumé un peu à la manière de l’adaptation d’Akira en long métrage d’animation. Qui plus est les rumeurs comme quoi Snyder avait changé la fin m’énervait déjà au plus au point.

Après vision du film, difficile de faire sa fine bouche. Pour moi le constat est simple : qui aime le comics, se doit d’aimer le film. Depuis le Seigneur des Anneaux, je n’avais jamais revu une adaptation aussi réussie malgré la folie du projet qu’elle soutenait. Tout d’abord au niveau du découpage scénaristique, Zack Snyder réussi à utiliser des images chocs qui savent placer un contexte et expliquer sans mot. L’histoire des Mintute Men est ainsi résumé en 5 minutes sans qu’à aucun moment l’aficionados sente le travail bâclé ou le manque d’approfondissement. Mieux encore, les quelques rajouts et la modification de la fin s’incorporent tellement bien dans l’esprit de la BD que l’on est pas du tout choqué de voir le Comédien tuer Kennedy ou de comprendre que ce ne seront pas les aliens issus de l’imagination de personnalités kidnappées sur une île (histoire un peu tordu du comics initial) mais bien un duplicata du pouvoir de Mr Manhattan qui sera utilisé pour mettre fin à la guerre froide. Cette idée de fin est presque encore plus brillante que l’originale tant elle donne une nouvelle valeur à l’homme bleu et à son choix « d’adhérer » au projet d’Adrian.

Pour le reste, la magie opère à chaque instant. Le casting est parfait et le film se permet des écarts (notamment au niveau de la violence) que peu de blockbusters peuvent se permettre. Comme dans le « Dark Knight » de Nolan, on sait que le réalisateur est maître à bord, et qu’il n’y aura pas de compromission. Zack Snyder est un vrai fan et ça se sent. Chaque plan est bossé, cadré conformément au découpage et au rythme imposé par la bd. Tout prend forme sous les yeux du spectateur sans que la teneur et l’enjeu du propos ne soient à aucun moment galvaudé. Noirceur, misanthropie, violence, manipulation, peurs et angoisses, rien de ce qui faisait l’ambition de Watchmen n’a été écarté.

Pour atteindre la perfection en terme d’adaptation, il aurait peut être fallu développer plus le personnage d’Adrian Veidt, via les éléments de son enfance. On aurait également aimé voir la relation entre les deux hiboux plus développés. Et puis il faut bien l’avouer, le film est parfois étouffé par sa grandiloquence comme lors des scènes très kitsch où Dan et Laurie copulent dans le vaisseau ou encore quand Dr Manhattan débarque au Vietnam. On peut aussi noter l’amour un peu trop exclusif de Zack Snyder pour les ralentissements lors des combats.

Mais bon quelle est l’importance de tout ça comparé à la joie de voir des personnages comme Rorschach prendre vie. Watchmen est de la pop culture de haut niveau, il s’agit d’un film typiquement générationnel (cf le très bon article de Mauve sur Violette Roll) jouissif et addictif. Moi qui pensais n’y voir qu’une adaptation honteuse, je me retrouve avec un matériel qui réussit l’exploit de compléter l’œuvre originelle. Rien que pour ça, je suis obligé de lui adresser les honneurs.

Note : 9/10