Voici un sacré cas d’école. Postulant au titre de meilleur groupe belge devant Deus, Soulwax, Venus et les infâmes Hollywood Porn Star, Ghinzu semble recueillir les honneurs de la presse et du public. Il faut dire que « Mirror Mirror » a tout pour plaire : une jolie pochette à la Battles, des titres ultra-efficaces, un niveau technique honorable, des chansons variées et parfois même un sens de la prise de risque des plus plaisants. Bref, au premier abord, on se dit que tous les éléments pour un très bon disque sont réunis. Alors on attaque l’écoute en profondeur.
“Cold Love” rappelle d’entrée de jeu que Ghinzu est un groupe de rock et qu’il aime les guitares, c’est facile mais efficace, on a envie de se laisser porter. “Take it easy” est une superbe chanson pop très bien écrite mais soulève les premières interrogations sur ce « Mirror Mirror » tant le titre semble être copié sur les Strokes. Car oui il faut bien le redire le plus gros défaut de Ghinzu est toujours le manque de personnalité. Après un “Mother Allegra”, très sympa mais trop “concept album” par rapport aux deux titres qui l’entourent, “Mirror Mirror” commence sur une longue intro excitante. Ce n’est alors qu’au bout de 2 minutes 20 que John Stargasm vient poser sa voix. Le titre est efficace à souhait mais rappelle beaucoup trop Muse de par cet aspect un chouia ampoulé et cette voix trop forcée. “Dream Maker” aurait pu être un très bon titre mais souffre d’une rythmique trop binaire (comme beaucoup de titres de l’album d’ailleurs). “The end of the world” s’écoute bien même si on pourrait dans une moindre mesure lui faire le même reproche que “Take It Easy”. “This Light” est une ballade comme il en faut sur ce type d’album, assez sombre et plutôt jolie. “Je t’attendrais”, outre son chant en français un peu à l’ancienne est soutenu par un riff de basse nerveux et entraînant comme on aimerait en entendre plus souvent. “Birds in my head” est une sorte d’interlude qui s’est un peu perdu dans la tracklist et l’album se clôt sur un très bon titre “Interstellar Orgy” qui a juste le défaut d’être en totale incohérence avec ce qui a été écouté avant.
Ainsi le sentiment laissé par ce « Mirror Mirror » est étrange. Pris séparément, chacun des titres de ce troisième album est de très bonne facture et transpire le talent, mais pris dans son ensemble, l’album laisse une sensation désagréable comme si le groupe ne faisait qu’appliquer des recettes sans hésiter à copier ici et là diverses intonations. Clairement il manque à Ghinzu de la personnalité, du tact, et de la vision.
Note : 5/10