« High Class Slim Came Floatin’ In » en est la preuve : totalement math-rock, faisant la part belle aux claviers et aux sonorités électroniques sans pour autant jamais remettre en cause la puissance de sa batterie, le titre prouve que l’inventivité narrative du groupe en terme de structure ne s’est pas tarie. « Prepare Your Coffin » est un putain de titre de jazz rock à la fois old-school et novateur, la basse tient le rythme, laissant la batterie faire le show, et la guitare partir dans des solos entraînants. Tout sonne à l’unisson comme un véritable big bang. « Northern Something » est définitivement électronique et joue à fond la carte de l’opposition des rythmiques. Clairement Tortoise arrive à taquiner Battles et s’oppose comme un véritable challenger face à ce groupe qui en avait cloué plus d’un sur place avec son « Mirrored ». Ce serait mentir que de cacher ma satisfaction à voir un groupe qui a plus de 16 ans produire une musique qui réalise un tel pont entre passé et futur. « Gigantes » est un cocktail ethnico-world toujours porté par une structuration math-rock. Clairement je ne sais pas qui joue quoi sur ce « Beacons of Ancestorship » (tous les membres sont multi instrumentalistes et les trois cinquièmes d’entre eux sont batteurs et percussionnistes) mais ce qui est sûr c’est que Johnny Herndon et John McEntire n’ont rien perdu de leur ferveur.
Après le court intermède « Penumbra », « Yinxianghechengqi » s’impose comme un titre quasi métal. Tout en conservant ses mélodies, Tortoise revient à un son moins facile d’accès, plus rustre. « The Fall of Seven Diamonds Plus One » est une ballade à mi-chemin entre Dead Can Dance et le générique d’un James Bond. Le titre est légèrement ennuyeux mais permet la transition vers l’étrange « Minors », sorte de version futuriste d’Herbie Hancock. Difficile sur ce genre de titre de dire si « Beacons of Ancestorship » donne dans le vintage ou dans l’an 3000.
Tortoise semble encore avoir progressé au niveau technique : pas un faux pas, pas une note qui n’est pas dans la plus parfaite des harmonies et ce même quand tous les repères semblent s’effondrer et que tous les instruments semblent chercher à prendre leur indépendance et à trouver leur propre voie. « Monument Six One Thousand » rappelle les affinités du groupe avec le dub. « De Chelly » est un peu anecdotique en cette fin de disque, mais laisse l’honneur à « Charteroak Foundation » de clôturer l’album, avec une superposition de mélodies envoûtantes.
Retour inattendu, « Beacons of Ancestorship » renvoie Tortoise vers les sommets math-rock qu’il n’aurait jamais du quitter. Cette pochette à la Mondrian en dit finalement beaucoup sur l’état d’esprit actuel du groupe.
Note : 8/10