Une camera, des acteurs d’un naturel exquis et des dialogues de fin limier, nous savons tous qu’il n’en faut pas plus pour réaliser un bon film. Comme en musique où protools et un home studio peuvent maintenant se substituer à un studio d’enregistrement classique, les nouvelles technologies ont permis depuis pas mal de temps au cinéma des plus indés de s’affranchir de certaines contraintes économiques. Cependant ce n’est pas parce que les outils matériels se développent que l’équation camera +acteurs +dialogues devient plus aisée à solutionner. De ce fait, la force de « Humpday », relève avant tout de sa forme, de son dépouillage poussé à l’extrême, de cette manière insolente de dire : je peux réaliser une œuvre d’art sans aucun budget, avec les mêmes outils que le quidam moyen et ce juste sur la force de mon concept.
Si j’emploie le terme d’œuvre d’art c’est évidemment en référence au scénario du film lui même, « Humpday » n’étant que le produit, une métaphore du film que ses deux protagonistes n’arriveront jamais à tourner. En plus d’être mené avec brio, le scénario avait sur le papier tout du projet casse gueule. Imaginez les deux meilleurs amis du monde qui ont pris des chemins diamétralement opposés et qui se mettent en tête de tourner et de jouer dans un porno gay amateur qui mettrait en scène les ébats de deux amis hétéro avec en toile de fond la pertinente idée qu’un tel acte repousserait les limites de la performance artistique. Pourtant Lynn Shelton réalise un film qui ne sombre jamais ni dans l’humour graveleux ni dans l’accumulation de scènes cocasses. Non « Humpday » est avant tout un joli film tout en nuance et finesse qui sur un pitch aux contours vaudevillesque développe une belle analyse de la relation homme / homme.
Ainsi, le grain sale de l’image se fait peu à peu oublier pour laisser la place à non seulement de francs moments de rigolades mais surtout à d’émouvants dialogues d’acteurs qui jouent avec les clichés pour mieux les détourner. Bref un pur moment de cinéma indé !
Note : 7,5/10