[Attention spoilers]. L’ensemble de la presse gaming semble à tord avoir traité inFamous comme un jeu de seconde zone. Pourtant contrairement à la presse musicale et surtout à la presse littéraire, on peut dire que ces organes sont majoritairement des plus fiables.
Pourquoi un tel manque d’intérêt ? Premièrement, il faut bien se rendre à l’évidence, inFamous est un titre plutôt laid, qui à part quelques jolis fondus de fond, offre surtout des gros plans pixélisés, des architectures de bâtiments simplistes et répétitives, et des ombres portées des plus approximatives. Néanmoins, il faut remettre les choses dans leur contexte : on parle de « laideur » par rapport aux nouveaux standards imposés par la PS3 comme Metal Gear Solid IV et GTA IV, ce qui ne signifie en rien qu’inFamous ne possède pas d’ambiance. Le premier Metal Gear sur Nes avait-il eu besoin d’implacables prouesses visuelles pour s’imposer comme un des premiers chefs d’œuvre du jeu vidéo ? Deuxièmement, et là je serai bien obligé d’abonder dans leur sens, le jeu souffre parfois d’une certaine répétitivité qui se manifeste essentiellement dans les phases d’acquisition de nouveaux pouvoirs, où le joueur perd un temps inutile à écumer encore et encore les même égouts. Enfin troisièmement, certains s’attaqueront aux cinématiques qui préfèrent des illustrations typées comics aux classiques images de synthèse. Si ces dernières laissent sous-entendre un certain manque de ressources financières, elles n’enlèvent en rien au charme du jeu. Bien au contraire, elles sont parties prenantes de son ambition, celle de créer sur console un véritable super-héros dont la personnalité et l’histoire n’aurait rien à envier aux effigies que sont Batman et/ou Spiderman.
Ainsi, à bien des égards, inFamous m’apparait comme un des must-have du gaming 2009, et le fait d’être un des rares à le penser ne fait que rajouter au plaisir d’appropriation personnelle de cet univers « geek chez les geek ». A part Praska de Vie de Geek, également fervent défenseur du jeu, je me sens un peu seul avec Cole et ce n’est pas pour me déplaire, car avant tout de chose, c’est bien de Cole dont il est question, inFamous n’étant que l’écrin qui permet à la création du personnage. Coursier symbolisant l’américain moyen, ni good guy, ni bad guy (et ce malgré la notion de karma qui aura son importance tout au long du jeu), Cole se voit empli de super-pouvoirs après avoir activé la méta-sphère, objet de toutes les convoitises, qui le transformera en véritable générateur électrique humain ambulant ; de quoi électrocuter ses adversaires, surfer sur les rails, créer des bombes et des champs électro-magnétiques. Devant reconquérir et protéger sa petite amie Trish, amené à se méfier de tous ses compatriotes qui voient en lui soit un sauveur soit un monstre mais sûrement plus un humain, Cole sera rapidement trahi par tous et devra affronter seul Kessler, l’être maléfique à l’origine de la création de la méta-sphère. L’histoire est parfaitement rôdée, l’organisation « Les premiers fils » est énigmatiques à souhait, et les personnages secondaires (en particulier l’héritier des premiers fils) sont parfaitement dans le ton. Cependant c’est seulement à la fin du jeu lorsqu’on découvre que Kessler n’est autre que Cole en provenance d’un futur lointain que toute la création de la mythologie prend son sens. Kessler/Cole est revenu dans le passé pour changer le cours des choses et s’assurer de ne pas devenir un lâche en se mettant à l’épreuve lui-même, en s’obligeant à maîtriser ses pouvoirs, tout ça dans l’optique de devenir un véritable super-héros capable de combattre le Némesis qui viendra prochainement annihiler la Terre. Difficile de faire mieux en terme de création de mythe…
Au niveau gaming, le plaisir est permanent. Dans une ville au champ d’action relativement large (l’esprit GTA IV sans la démesure), inFamous est un jeu d’action rapide, efficace et sans répit, alternant combats passionnants (avec juste un malus sur le manque d’imagination concernant les boss) et acrobaties palpitantes.
Alors oui, le jeu n’est pas exsangue de défauts mais il s’agit du prologue à une histoire qui ne pourra être que passionnante. Personnellement je n’avais pas été autant excité par un personnage depuis Kratos.
Note : 8/10