Après une multitude de remix aussi puissants que tapageurs de Etienne de Crécy, Martin Solveig, Naïve New Beaters, The Killers, The Kills ou encore Metallica, The Bloody Beetroots sortent enfin leur premier album, celui qui devait les imposer comme the next big thing. Malheureusement dès ses premières minutes « Romborama » déçoit. Un sentiment qui ne nous quittera plus tout au long de l’album se propage : la triste impression d’écouter une succession de remix d’obscures artistes.
Quand il ne donne pas sans la superposition de couches mal aisées où le clavier ne sert jamais de fortifiant, The Bloody Beetroots semble s’en tenir à soit copier Justice soit copier Daft Punk. « Storm » joue évidemment dans la cour des premiers avec ses blasts aux influences métal et ses sonorités empruntes de noirceur. Impossible de ne pas hocher la tête face à cette entraînante machine. De même, « Butter » reprend assez grossièrement les trames de Gaspard Augé et Xavier de Rosnay. Mais on pouvait tout de même attendre mieux de Bob Rifo et Tommy Tea qu’un simple pillage aussi réussit soit-il. Parallèlement à ça, « Second streets have no name » marche, sans trop s’en cacher, sur les pas de Daft Punk tandis que « Ffa1985 » reprend la même sauce mais cette fois avec la touche « Discovery ». Clairement on ne va pas blâmer The Bloody Beetroots de revendiquer comme influences principales deux de nos plus belles réussites, mais avait-on vraiment besoin de nouveaux porte-paroles ?
Malgré une introduction un peu conventionnelle « Awesome » arrive à captiver l’auditeur via des beats aspirants jouant avec originalité des contre-temps ; dommage que Cool Kids n’y soit pas à la hauteur et plombe un peu le titre. « Talkin in my sleep » illustre bien cette notion d’album en forme de remix. « Cornelius » s’ouvre sur une longue note de choral de l’ombre, mais si la production fait mouche, il faut bien admettre que les interventions vocales cassent la dynamique. « Warp 1.9 » choisit la voix la facilité. Le groupe à beau y ajouter des chants d’églises, un passage criard et un esprit à la Stupeflip, il s’agit finalement d’un titre bancal, de ceux qu’on écoute lorsqu’on est un peu trop enivré.
Sur certains titres, les italiens arrivent à trouver le ton juste, à imposer leur personnalité, à combiner cette envie d’en découdre sur le dancefloor et cette capacité à produire des titres riches en sonorités (« Have Mercy On Us », « Theolonius »). Mais le plus souvent, ils sont trop directs, manquent de subtilité (« Yeho », « Warp 7.7 ») et restent vains (« Little Star » et son Jingle Bells)
« Romborama » est trop long, il nous épuise (« House N »). The Bloody Beetroots ne sait plus comment tenir son pari de sortir 20 titres et balance de la niaiserie probablement composée un dimanche après midi entre deux tasses de thé (« Mother »). Quelle idée de remplir autant une galette quand on a déjà du mal à imposer cinq ou six titres forts. La qualité ne rime définitivement ici pas avec quantité. « I love The Bloody Beetroots » est aussi poussif que son titre, ça rame, ça perd son souffle, ça risque de mourir sur le bas-côté. « Anacletus » prouve bien à quel point le groupe essaye de recycler les mêmes idées de beats en les associant à chaque fois avec une sonorité différente.
On sort de l’écoute épuisé comme après une mauvaise nuit en boite, regrettant d’avoir cramé son samedi soir dans une aventure sans issue. En même temps, en voyant l’affiche de la soirée, j’aurais du me douter qu’il valait mieux rester chez soi.
Note : 4/10