On ne peut pas dire que la Blog Party de juillet dédiée à l’écoute de l’opus de Health ait vraiment porté ses fruits. Perdus entre débats musicaux, vodka-tatin et power point hibooesque, nous n’avons pas du être beaucoup à prêter à « Get Color » l’attention qu’il méritait. Mais deux mois plus tard, l’appropriation du disque s’est faîte, les comparaisons hasardeuses avec Sonic Youth ont été oubliées, le buzz est légèrement retombé, et l’on peut enfin apprécier le disque à sa juste valeur.
« Get Color » démarre sur un « In Heat » portée par une batterie à la Nine Inch Nails pour qui le groupe a ouvert lors de la tournée « Lights in the Sky ». Au cœur d’une musique noise à la fois frivole et intense, les californiens offrent des instrumentations qui rappellent la folie d’Atari Tennage Riot. « Die Slow » démarre sur un riff assassin. Single noisy en puissance, il sait tout de suite trouver le juste milieu entre bruits, mélodies et mysticisme. La voix androgyne de Jake Duzsik se pose ensuite avec délicatesse et sobriété sur le canevas à l’ambiance industrielle de « Nice Girls », tandis que, juste après, la boucle hypnotique de « Death+ » ne tarde pas à prendre à la gorge via un improbable mélange entre les codes d’Autechre et ceux de My Bloody Valentine.
« Before Tigers » use avec intelligence des phonèmes musicaux. « Severin » rappelle d’abord les excès auxquels Crystal Castles se livre en live puis tourne le dos au futur pour à nouveau puiser sa force dans des racines shoegaze. « Eat Flesh » est une tornade me rappelant l’approche épileptique des fameux Death From Above 1979 et dont le final vrille le cerveau. « We Are Water » se joue des codes de Justice et déploie une mélodie lumineuse cachée sous un amas technoïde. Enfin « In Violet » est une conclusion en demi-teinte ; toujours dommageable de clore un album par son moins bon titre.
Il y a quelque temps le courant « don’t believe the hype » a commencé à faire un peu trop d’émules, aujourd’hui il faut prôner le « don’t believe the anti-hype » tant ces derniers seraient à même à vous faire passer un Health pour la futile dernière sensation du moment. « Get Color » est un album droit et cohérent, qui n’a pas peur de livrer d’éclatants singles perfides. Et puis si Trent croit en eux… je suis de l’avis de Trent ;)
Note : 8/10