Non content que sa basse rageuse appuie les riffs crasseux de J Mascis sur l’acclamé « Farm », Lou Barlow sort quelques mois après l’album de Dinosaur Jr un nouvel opus sous son propre nom. Que se soit avec Sebadoh, The Folk Implosion ou son groupe principal, le multi-instrumentaliste n’a jamais caché ses talents de songwriter. De ce fait, ce n’est pas vraiment l’exceptionnelle qualité de « Goodnight Unknow » qui surprend mais plus le fait que cet album arrive quelque mois après le retour d’un des mastodontes du rock des années 90. Comment peut-on passer d’un rock-noisy dépressif à des folk songs aussi touchantes que « Too much freedom » qui se rapprochent bien plus de l’esprit de « Bill Callahan » ? Ce n’est pas la première fois que Lou Barlow nous fait le coup et pourtant j’en suis tout abasourdi.
Jouant avec l’onirisme montréalais sur « Sharing », affichant une connivence avec Franck Black des Pixies sur « Goodnight Unknown », se lançant sur les trace de Beck sur « The Right »
Lou Barlow fait une démonstration de l’étendue de son talent sans jamais renier l’homogénéité de ses compositions. Mais ce qui fait la force de ce « Goodnight Unknow », c’est qu’aux coté de cette pop indé racé, on retrouve des titres au songwriting éblouissant (« I’m Thinking », ) et des titres d’une modernité absolue en terme de d’innovations folk (« The One I Call »).
Si certaines chansons se noieront dans le flux de jolies ballades qui malgré leur sincérité et leur évidence n’arrivent pas à s’imposer au de là de la délimitation de l’instant présent (« Faith In Your Heartbeat », « Take Advantage »), on ne peut que s’attacher à des titres comme « Gravitate » et son malicieux refrain ou à la mélodie torturée de « Praise ».
A l’image de « One Note Tone » le titre final de « Goodnight Unknow », Lou Barlow s’inscrit dans la lignée d’un Eddie Vedder, dans la lignée de ces types perdus entre l’aspect culte de leur groupe principal, leur immense talent de songwriting et leur incapacité à se focaliser sur un style de musique, dans la lignée de ces types qui conçoivent la musique américaine comme un tout où folk, lo-fi, blues brûlots rock ne sont qu’une expression différente d’une même idée.
Note : 8,5/10
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