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En 2009, à l’heure où le métal est un style moribond souvent tourné en ridicule par des texans trop sûr d’eux, il peut paraître suicidaire de se lancer dans une critique positive du nouvel opus de Mass Hysteria, qui en plus des clichés inhérents au style doit en plus composer avec la langue française.

Un riff old school et violent à la Pantera et Mouss qui déboule comme un fou rappelant le temps où il tenait la scène avec Reuno de Lofofora. Essayant de se démarquer des discours révolutionnaires et puérils qui ont toujours fait partie du rock français, le chanteur clame « Car l’anti-capitalisme est une idée vide à moins que de ne vivre que du troc soyons lucide », pour enchaîner sur le refrain « Ne laisser pas la haine du système, ne laissez pas la haine s’installer » et enfin cracher un « World on fire » comme à l’époque de « Furia ». On pourrait aisément tourner tout ça en ridicule mais franchement chanter en français sur des blasts incandescents n’a jamais été un exercice des plus faciles. Quant aux textes, si l’on se prête au jeu de la traduction, ils n’ont rien à envier à toute la scène américaine, on peut même dire qu’ils sont parfois traversés par de courts éclairs poétiques comme sur « Plus qu’aucun mer ».

Une boucle électronique, un riff sombre, une voix haut perchée au tempo bien particulier, Mass Hysteria est définitivement de retour sur « Failles ». Tous les éléments du passé du groupe ont été digéré et même le piano qui semblait souvent en décalage sur l’album éponyme de 2005 s’intègre correctement. Le seul vrai problème n’est pas lié à cet album mais à la conception même de la notion d’album. Effectivement le groupe qui n’y voit souvent qu’une expression matérielle de ses lives, ce qui a pour conséquence des morceaux comme « L’archipel des pensées » où Mouss crie « Envoyez le son » comme s’il était à l’EMB.

« Clean » envoie vulgairement du bois, alternant couplets vengeurs et refrains issus de « De cercles en cercles ». L’utilisation de l’électronique se fait avec une aisance similaire à celle de 1997. « Dysporia » prête un peu à rire mais possède également le charme d’un bon vieux Fear Factory. A l’écoute de l’intro de « Le magnétisme des sentiments », difficile de ne pas se remémorer l’hystérie juvénile des moments où « Respect to the dancefloor » ou « Knowledge is power » raisonnaient dans la salle.

« Aller plus loin » et « Respirer » sont un peu anecdotiques, mais il faut avouer que la pression est difficile à maintenir sur un tel album. « Get High » est chanté en anglais et on réalise combien Mouss est plus à l’aise avec le français, avec la rythmique de sa langue. On en finit presque par ce dire que ce sont ces phrases en français, qui font parfois sourire, qui sont néanmoins au cœur de la puissance de Mass Hysteria. « Rien n’être plus » est d’ailleurs une belle démonstration d’indus pouvant faire de l’ombre à Marilyn Manson. Les riffs y sont hachés, et l’ambiance successivement sombre et catchy.

Pour beaucoup de lecteurs, il pourra paraître complètement anachronique d’écouter et d’apprécier aujourd’hui le métal industriel de Mass Hysteria. Mais au fond soyons réaliste, c’est avant tout l’idée d’écouter du métal chanté français qui laisse narquois (l’effet Aqme sûrement). Il est vrai que « Failles » a tendance à s’essouffler dans sa deuxième partie, à devenir un peu poussif, et que certains titres auraient mieux fait d’être réservé pour le live (« Comme on danse »), mais pour tout ce que Mass Hysteria a représenté à la fin des années 90, pour tous ces moments de défouloirs fraternels en concert, pour cette capacité à maintenir le cap malgré les tendances, et parce que j’ai encore de la tendresse pour mon adolescence, je me devais de défendre un minimum cet album qui fait largement oublier l’épisode « Une somme de détails ».

Note : 6/10