Epuisés d’avoir su dès janvier quel serait l’album de l’année (Animal Collective), toujours sous le choc du consensus autour de se formidable album qui vous aviez pourtant semblé si peu facile d’accès (Grizzly Bear), aigris au point d’avoir jugé à l’emporte pièce un candidat crédible (Dirty Projectors), vous devrez malheureusement une nouvelle fois plier sous les constructions sonores alambiquées de Bear In Heaven.
Ne pas dévoiler ses arguments trop vite, laisser le mystère s’installer, et peu à peu embrigader l’auditeur : « Beast in Peace » et « Wholehearted Mess » forment un étrange diptyque qui destabilise pour mieux convaincre par la suite. On retrouve chez Bear In Heaven cette capacité à générer de la mélodie différemment, loin des carcans (« You Do You »), empruntant des chemins de traverses dont la principale caractéristique est de faire de la weird folk avec des sonorités électroniques (« Lovesick Teenagers »)
Les envolées sous acide de « Ultimate Satisfaction », le post-trip hallucinogène de « Dust Cloud », la rythmique hypnotique de « Drug a Wheel », le groupe de Brooklyn ne cache pas son jeu : « Beast Rest Forth Mouth » sera psychédélique ou ne sera pas ! Mais pas de ce psychédélisme qui tourne en rond à la recherche de lui-même, non un psychédelisme qui joue avec les codes de l’electronica et du krautrock pour défricher des nouveaux territoires sonores.
Et s’il arrive que le groupe, trop occupé à courir au travers d’une fôret maléfique, en oublie le plaisir (« Deafening Love »), les magnifiques « Fake Out » et « Casual Goodbye » sont là pour rappeler combien les clairières sont restées les mêmes hameaux de paix que dans nos contes pour enfants.
Si l’on a cité cette année un peu à tord et à travers le nom d’Annimal Collective (moi le premier), Bear in Heaven est sûrement, de pas son utilisation des sonorités électroniques, celui qui mérite le mieux la comparaison.
Note : 8,5/10