Aa
X
Taille de la police
A
A
A
Largeur du texte
-
+
Alignement
Police
Lucinda
Georgia
Couleurs
Mise en page
Portrait
Paysage

Chaque album de David Sylvian dissipe un peu plus le souvenir de Japan, le groupe culte anglais devenant peu à peu le simple préquel à une odyssée bien plus ambitieuse, l’antépisode d’un long parcours initiatique porté par la voix et les sens de David Sylvian.

Sombre promenade au fond de mon âme (« Small Metal Gods »), descente aux cœurs de mes angoisses (« The Rabbit Skinner »), suivant avec acharnement un guide spectral (« Random Acts of Senseless Violence »), « Manafon » ne peut être vécu que comme une introspection personnelle, une expérience qui ne se partage pas. Les inqualifiables chansons de David Sylvian, cette dark folk expérimentale à la fois douce et dangereuse, emporte l’auditeur sans son consentement vers un autre monde où la musique s’écoute dans l’obscurité de la solitude.

Poussant encore plus loin, l’aspect sans concession de « Blemish », s’écartant à tout jamais du carcan de la chanson (« Snow White in Appalachia »), réduisant à néant couplet et refrain (« Emily Dickinson ») au profit d’un minimalisme où le silence devient le plus beau des instruments (« The Greatest Living Englishman »), « Manafon » s’empare des sens par petites touches, chaque sonorité ne vivant que dans l’instant, aussi imprévisible que l’harmonie humaine.

Séparé en deux par la faille « 125 Spheres », ce nouvel album de David Sylvian se vit de l’intérieur. Il parfait, au côté de « At The Cut » de Vic Chessnutt et de « Aleph at hallucinatory mountain » de Current 93, la sainte trinité de l’année en matière de musique aux effets indescriptibles, en matière de musique où la profondeur émotionnelle est telle qu’il s’agit plus d’incantations que de chansons, qu’il s’agit plus de moi que d’un imaginaire public.

Note : 8,5/10