Aa
X
Taille de la police
A
A
A
Largeur du texte
-
+
Alignement
Police
Lucinda
Georgia
Couleurs
Mise en page
Portrait
Paysage

Un nouvel album en forme d’indéniable retour aux sources ; Slayer retrouve enfin la rage de « Seasons in the Abyss » ; Après deux albums en demi-teintes qui avaient divisé les fans, les pionniers du thrash metal reviennent sur le devant de la scène avec un album qui mettra tout le monde d’accord… Voilà le genre de conneries qu’on est obligé d’entendre à chaque nouvel album de Slayer, comme si le groupe avait encore quelque chose a prouver, comme si sa discographie avait été en dents de scie, comme s’il s’était à une époque renié et qu’il avait besoin de réaffirmer sa présence. « God Hates Us All » et « Christ Illusion » étaient chacun à leur manière un pas en avant qui prenait appui sur les fondations du passé, et il en va de même pour ce « World Painted Blood ». Si la presse raffolera de ces formules toutes faîtes et n’hésitera pas à vous en remettre une couche avec les Big Four, regardons sans baisser les yeux cette discographie exemplaire qui n’aura jamais connu la compromission.

Un riff rotatif, la folie qui s’empare des enceintes, une introduction qui ne souffrirait pas de se frotter à celle du dernier Converge, « World Painted Blood » est imparable. « Unit 731 » monte d’un cran la pression laissant exploser la bestialité. Hurlant « Action » comme il aurait crié à une autre époque « Angel Of Death » (« Snuff »), Tom Araya tourne le dos à ses 50 ans avec fougue et prestance.

Les limites de la violence n’ont cessé d’être repoussées, et la décharge de haine que pouvait provoquer un « Decade of Agression » n’est plus vraiment d’actualité. Mais au lieu de desservir le groupe, cette concurrence qui a exacerbé nos capacités de résistance, permet aujourd’hui à Slayer de ne plus être considéré comme un groupe extrême réservé à un public atypique, mais bien comme l’un des tout meilleur groupe de rock du monde (« Beauty Through Order », « Human Strain »). Au risque de faire hurler les puristes, en écoutant successivement le « Death Magnetic » de Metallica et ce « World Painted Blood », on se dit que les deux groupes ne se sont jamais autant dirigés dans la même direction, animés qu’ils sont par une volonté commune d’en découdre et de défendre leur blason sur le ring du 21ème siècle.

Tueur par excellence poussé par les solos d’un Kerry King toujours aussi passionnant (« Hate Worldwide »), rouleau compresseur d’une succulente modernité qui laisse toujours exploser ses influences punk (« Public Display of Dismemberment »), instinct de destruction intact (« Psychopathy Red »), accessibilité assumée (« Playing With Dolls »), le monstre ne cesse de rugir.

Ne jamais baisser sa garde, rester présent au poste, ne pas abandonner ceux à qui on a juré fidélité… Après trois décennies d’agression, Slayer n’a rien oublié, et s’il se moque aujourd’hui de son image et des codes, il continuera jusqu’au bout à se battre pour sa cause.

Note : 8/10