Un homme, une guitare, une voix. La formule est éprouvée, usée jusqu’à la corde, élimée par les beatnicks, le revival folks et les chanteurs pour midinettes. Et pourtant, malgré son corps blessé, malgré la contamination de sa fraîcheur, elle se relève et se révèle encore et encore. Je ne sais pas grand chose de Gaspard Royant. Il doit être parisien, a du écumer des salles de concerts et faire les poches de ses potes pour pouvoir enregistrer « You can have me (If you want to ) » son premier EP de cinq titres. Non je ne sais pas grand chose de lui, juste quelques suppositions mal placées. En revanche je sais que Marie Flore lui fait confiance et que je fais confiance à Marie Flore :)
Sur ce court disque, il y a d’abord « Grow » un titre bref, sec et immédiat. La voix est ample, et malgré cette production trop française, les frontières tombent vite. Puis vint « Yours », un duo qui à lui seul en dit long sur les prémices de la nouvelle scène folk française. Marie Flore y est charnelle et Gaspard Royant semble à peine oser la contempler.
Ce qui est assez intéressant ici, c’est la capacité du garçon à sonner français (comprendre différent) tout en épousant au mieux les formes de ses modèles américains. « Things i want To remember (at the end of the world) » entraîne ainsi le spectateur dans une cavalcade de l’ouest qui ne manquera de passer sous la Tour Eiffel. Quant au très classic folk « The Big Sheep », il se joue aussi bien sur un pont que assis en tailleur dans un wagon traversant les territoires.
« You can have me (If you want to) » est un petit ep trop court et trop peu démonstratif pour assurer à coup sur qu’il débouchera sur un disque de grande prestance. Les artistes français nous ont trop déçu par le passé pour faire dans la confiance aveugle ; et puis « Last song of a pistolero » a peut être tendance à en dire trop long sur les influences.
Fragile et touchant, Gaspard Royant, fait dans tous les cas, état d’une promesse qu’on espère voir se concrétiser.
Note : 6,5/10