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Il m’avait fallu un certain temps pour me plonger dans « Rest now weary head you will… » mais au fil des écoutes un vent de fraîcheur avait soudain soufflé sur l’apparent inintérêt. Cette folk popisante ne manquait pas de chansons auxquelles on s’attache. « Vexations » provoque exactement le sentiment inverse : passionnant à la première écoute il ne tarde pas à livrer ses failles.

Une comptine et des violons dissonants ouvrent ce second album en quête de personnalité (« Nausea »). La voix de Konstantin Gropper affirme une nouvelle profondeur et l’allemand semble en quête de rédemption. Malheureusement la rédemption doit être un véritable voyage et ne peut s’acquérir en à peine trois minutes. Car si le chant maintient le cap, les instrumentations acquièrent rapidement une confiance immodérée dans leur magnificence (« We are Free ») au point de transformer Get Well Soon en un Belle & Sebastian qui aurait passé son adolescence à se goinfrer de sucreries au lieu de lire des livres. (« Seneca’s Silence »).

Alors que certains sont faits pour vivre dans le bruit et dans la folie des instruments, c’est quand les violons se font plus discrets, quand la densité sonore s’amenuise que l’on a le plus envie de suivre Konstantin Gropper (« Red Nose Day »). Il suffit que tout le monde se taise pour que le berlinois laisse exploser des émotions intimes prisonnières de sombres carcans (« That Love ») et emprunte les chemins sinueux qu’a autre fois fréquentés David Sylvian (« Burial At Sea »).

Dommage que cette solitude soit corrompue par cette mièverie pop qui peut vite s’avérer insupportable, d’autant plus quand la musique s’entoure d’une aura pseudo-dramatique (« Werner Herzog Gets Shot »). On sent que derrière cette voix, qui il faut bien l’avouer ne manque pas de profondeur, se cache des ambitions comme il en traînait déjà sur « Showbizz » de Muse (« Aureate »). C’est ça, il y a chez Get Well Soon des intentions cachées qui empêchent les chansons de s’épanouir dans le noir (« 5 Steps 7 Swords » qui aurait pu être une reprise folk d’un titre de Britney Spears). Ajoutez à cela quelques aberrations mélodiques sur certains refrains et la méfiance ne vous quittera plus (« We Are Ghosts »).

Au final, il existe un sacré paradoxe sur Get Well Soon tant le dyptique attraction/répulsion ne cesse de venir frapper à la porte de ce chalet urbain qu’est « Vexations ». Ici on aime jouer avec les nerfs et on livre au sein de la même chanson à la fois de poignantes introspections et des instrumentations qui manquent tragiquement de retenues (« A Voice In The Louvre »).

Avec « Vexations », l’allemand gagne en cohérence de style ce qu’il perd en cohésion qualitative. Le magnifique et le grandiloquent ne cesse de se mélanger comme un amour qui hésite entre passion et niaiserie.

Note : 5/10