Il y a des orientations musicales en forme de véritables choix de vie. Après « They Threw Us All In A Trench And Stuck A Monument On Top », les New Yorkais de Liars auraient pu décider de s’imposer comme les chefs de fil du renouveau post-punk, mais au lieu de ça ils ont préféré bifurquer, opter pour la décente aux Enfers, en prenant appui sur leur réputation nouvellement acquise quitte à piétiner celle-ci.. J’aime ces hommes qui ne considèrent pas le succès d’un premier album comme la validation de leur statut d’artiste mais bien comme une incitation à pousser plus loin leur engagement.
Réinventant le langage du post-punk, le trio concilie sur « Scissor » introspections adultes et rage juvenile. La violence est impulsive tout en étant parfaitement canalisée créant ainsi le genre de paradoxe dont Liars est le maître (« Scarecrows on a killer slant »). Les violons dansent avec des rythmique tribales (« No barrier fun ») et les guitares rugissent à la lueur de singles punk old-school (« The overachievers »). Le patchwork est complet, imprévisible dans sa forme, cohérent dans son fond.
« Here comes all the people » joue avec les codes de la musique contemporaine et la voix de Angus Andrew est habitée au point de rappeler les incantations de David Tibet de Current 93. Bien plus encore que sur le fabuleux « Drums not dead », Liars pousse le trip hallucinogène à son paroxysme. Il n’est plus question de psychédélisme ambiant mais bien d’un tourbillon de folie où chaque seconde de bonheur peut annoncer le début d’une ère de chaos (« I still can see an outside Word »).
« Sisterworld » est une pierre de plus dans la construction du mythe. Liars s’impose comme une machinerie éternelle faisant le pont entre les élucubrations des Melvins et la beauté froide d’un krautrock tribal et porté par une voix à la profondeur exquise.
Note : 9/10
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