A la sortie du premier album de Retribution Gospel Choir en 2008, j’avais vu dans le groupe une échappatoire bienvenue à la folie électrique de Alan Sparhawk qui étouffait au sein de l’entité Low. Si, Alan Sparhawk, grand songwriter de son état, a toujours eu des choses à se raconter avec le mur du son, sa carrière ne lui en a que trop peu donné l’occasion (on se souvient d’ailleurs de « The Great Destroyer » dont les sonorités rêches avaient déstabilisé les fans). Depuis quelque temps, on sentait combien il était rongé par la frustration, au point qu’on en finisse par se demander s’il n’aurait pas été plus confortable pour lui de vieillir au sein de la famille Sonic Youth.
Conserver sa force d’écriture tout en se laissant aller à la rage juvénile, tel était pour Alan Sparhawk le leitmotiv de Retribution Gospel Choir. Cependant, il n’est pas si aisé de maintenir à flot ses objectifs et ses envies initiaux. Du coup, si le trio tenait toutes ses promesses lors se son premier effort via une feuille de route claire et lisible, il déçoit ici fortement, la faute à une carte qu’il semble ne jamais réussir à déchiffrer.
Au début le groupe avance droit et la tête haute. « Your Bird » possède ce côté Low version post-hardcore : les guitares rugissent et le titre est scellé par le sceau de Sub Pop (plus Dinosaur Jr que Nirvana). La gestion de la décélération sur « Poor Man’s Daughter » et les élucubrations noisy avec solo tapageur permettent à la voix de Alan de retrouver sa noirceur et Retribution Gospel Choir se démarque lorsqu’il s’évade des règles temporelles, lorsqu’on ne peut plus arrêter ses guitares à la fois shoegaze et psychédéliques, lorsque le chant se fait shamanique tout en conservant sa pudeur (« Electric Guitar »).
Puis le chemin devient flou. Alan Sparhawk ne sait plus très bien pourquoi il est là, ce qu’il doit faire avec sa guitare. Il faut dire que Steve Garrington et Eric Pollard ne l’aide pas beaucoup à se rappeler. « ’68 Comeback » est un interlude qui n’en dit pas plus que son nom. Les notes cherchent à rappeler une glorieuse époque mais le message est trop galvaudé, il fait presque de la peine. « Workin’ Hard » fait penser à une mauvaise face B de Pearl Jam (si si ça existe, je vous assure…) tandis que « White Wolf » offre tout ce qu’on peut attendre d’un trio rock lambda : une guitare, une basse, une batterie et une ligne mélodique entraînante. Ce n’est pas grand-chose mais il faudra s’en contenter. Ainsi on se retrouve souvent avec un rock (faussement) sec et tendu qui s’éloigne du minimalisme riffique du premier album pour s’adonner à des passages plus héroïques (« Hide it Away » ).
Je n’ai pas compris l’intérêt de l’interlude « The Last Of The Blue Dream », je suis resté sceptique à l’écoute de la volontairement sous-produite première partie de « Something’s going to break », je me suis retrouvé abandonné par le manque d’ambition d’un type qui a pourtant fait tant. Cet album soulève son lot de question et quand « Bless Us » raisonne comme le dernier chant du cygne, on ne sait s’il s’agit de la dernière charge contre l’album ou au contraire de la preuve d’un talent que les erreurs de parcours ne pourront jamais démentir.
Note : 4,5/10