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SPOON – Transference

Par Benjamin Fogel, le 25-01-2010
Musique

J’ai toujours perdu mes batailles contre Spoon. Le groupe s’est toujours révélé être une forteresse impénétrable, une tour de Babel qui fédère les peuples mais qui me rejette. De « Gimme Fiction » à « Ga Ga Ga Ga Ga », les texans m’ont toujours toisé du haut de leur notoriété et de la horde de fidèles voyant en lui l’un des plus cultes des groupes indés contemporains. J’ai perdu la bataille et sûrement la guerre. « Transference » me le démontre une nouvelle fois, je ne comprendrai jamais l’engouement, je ne me rallierai pas au troupeau.

Spoon est-il un mauvais groupe ? Assurément que non ! Il est juste l’archétype d’un rock qui me laisse froid. Trop léché, avare en mélodies, à la fois trop et pas assez pensé, rien ne m’excite là dedans. « The Mystery Zone » est particulièrement représentative de la pop sophistiquée cher au groupe. La machine ronronne parfaitement, rien ne dépasse et la moindre incursion légèrement noisy semble avoir été calculée algorithmiquement. De même « Is Love Forever? » semble être à la fois rugueux et unificateur, alors qu’il ne fait au fond que cacher ses aspiration college rock.

Ce qui est étonnant pour un groupe au succès si retentissant, c’est combien il ne se passe rien sur certains titres. « Who Makes Your Money » voudrait donner dans un krautrock pop mais n’hypnotise jamais tandis que « Nobody Gets Me But You » espère réchauffer les cœurs via un white funk qui laisse on ne peut plus froid. Quant à « Before Destruction », il use d’effets de voix d’un autre temps.

De temps en temps heureusement, l’alchimie instrumentale permet de déployer un post-punk groovy très accessible mais plutôt sympathique (« Written in Reverse »). On savoure ce rock qui transpire les grands espaces tout en sentant la sueur des clubs underground (« Trouble Comes Running »)

Alors bien sûr on pourrait dire qu’au fond Spoon c’est un peu Stereophonics qui essayerait de faire du Fugazi (« Got Nuffin »), qu’il y a quelque chose de noble dans le fait de faire de la pop teintée de riffs incisifs et d’attaques de batterie millimétrées mais à l’écoute de ballades aussi creuses que « Goodnight Laura », il y a quand même de quoi s’interroger sur le sens de tout ça. Non vraiment il y a de la rengaine américaine sur des chansons comme « Out Go the Lights ».

Il serait un peu tard pour oser prétendre que Spoon est un usurpateur qu’il faut déloger (mine de rien « Tranference » est tout de même le sixième album). En revanche, je maintiens qu’il s’avère insupportablement surcoté au point de freiner significativement l’indicible adhésion.

Pour ne pas m’aliéner, pour ne pas m’exclure du tissu collectif, je resterai dans l’ombre à écouter « I Saw the Light », La grande chanson de ce « Transference », un classique rock à la puissance contenue qui va bien au-delà d’un « The Underdog » sur l’opus précédent.

Note : 5,5/10