« Odd blood » est un album généreux qui ne tourne jamais le dos à personne, qui ne laisse aucun ami sur le bas côté. Il intègre les cultures du monde (« O.N.E. »), défriche des territoires inconnus (« The Children »), et ce sans jamais renier l’évidente volonté de déployer d’éclatantes mélodies populaires. On voudrait vous le vendre qu’on vous dirait qu’il fait se côtoyer les expérimentations d’Animal Collective et les facéties sucrées de MGMT. Mais Yeasayer n’a nul besoin d’être markété : inutile de faire la promotion d’un virus si contagieux.
Capable de se réinventer au sein d’un même titre, laissant les sonorités se répandre avant de dévoiler son objectif (« Love Me Girl »), Yeasayer possède cette petite touche d’imprévisibilité digne des grands de Brooklyn. Electroniquement tribal avec une incroyable conviction dans ses étranges mélodies (« Ambling Alp »), froid et dansant (« Rome »), emotionellement funky (« Mondegreen »), les chansons se faufilent partout et ce à tout moment de la journée.
Débordant de singles et d’envie de se dépasser, Yeasayer s’impose comme le groupe fédérateur de ce début d’année. Connards prétentieux à cravate, soulards décérébrés adeptes des sonorités psychédéliques, binoclards passionnés par les concepts conceptualisant, gentils garçons de bonne famille, coreux n’ayant jamais perdus la flamme… « Odd blood » vous accueille à bras grands ouverts comme un véritable miroir de vos paradoxes et de vos multiples personnalités.
Note : 8/10
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