Beaucoup de chouettes souvenirs sont associés à Bonobo : des matins en Normandie au soleil, café à la main, clope au bec ; des après-midi à bord d’une New Beatles bleue décapotable qui parcourt les campagnes ; des soirées alcoolisées pleine de rires et de dérapages. Etendard de Ninja Tune aux côtés de Amon Tobin, Bonobo a toujours été un choix idéal pour satisfaire aux attentes d’une assemblée diverse et variée. Fraîches, légères, jamais offensives sans pour autant être trop lisses, les compositions du DJ producteurs Simon Green ont toujours été des alliés de choix pour la vie sociale : une parfaite musique d’ambiance (dans le sens non péjoratif du terme) parfaites pour s’éviter d’interminables altercations au sujet de la BO du séjour.
Le problème c’est que les bons souvenirs ne font pas forcément de grands albums. Bonobo en est arrivé à une telle maîtrise de son style qu’il semble être devenu paresseux, comme si l’écriture d’un album ne provoquait plus aucune remise en question, comme s’il suffisait d’enclencher un pilotage automatique des plus high tech (« Eyesdown »). Les mélodies sont chaloupées, les influences electro-jazz à la St Germain font mouche (« El Toro ») mais « Black Sands » ne provoque jamais de réactions tendancieuses.
Pourtant « Kiara » fourmille de beats qui se superposent à une ambiance dignement amenée par « Kiara Prelude », tandis que « Kong » est assez proche dans l’esprit des orientations instrumentales d’un Blockhead. Peut être que cela manque de voix. Abstrackt Hip Hop sur les bords, il est vrai qu’on aurait aimé voir un rappeur traîner par moment sur le disque.
On se laisse emporter par « We Could Forever », on se taquine sur « The Keeper » (et ce malgré la présence d’une Andreya Triana qui n’apporte pas grand-chose ; bon ok les voix n’étaient peut être pas une si bonne idée…), on s’enivre sur « All In Forms », on danse sur « Wonder When » et on oublie sur « Black Sands ».
Finalement on se dit que rien n’a changé, Bonobo occupe bien toujours la même place, une place éloignée de ma platine de salon mais une place quand même.
Note : 5,5/10