[Attention spoilers] Dexter est une série qui a toujours joué sur des confrontations entre le personnage principal et des allégories qui structurent la vie sociale. Ainsi chaque saison Dexter Morgan se sera successivement opposer à la fraternité (Brian Moser), à la justice (Doakes et Frank Lundy) et à l’amitié(Miguel Prado). Dans cette saison quatre, le défi est d’autant plus intéressant puisque l’adversaire est cette fois le « moi », Arthur Mitchell, le Trinity Killer pouvant être vu comme un miroir de l’évolution du personnage central.
Alors que sa première apparition laisse présager un personnage au charisme en deçà, l’acteur John Lithgow transforme rapidement Arthur Mitchell en un des « méchants » les plus savoureux de l’année. La force de l’âge derrière lui mais les convictions toujours au creux de la main, il incarne la folie meurtrière avec un réalisme glacial. Qu’il s’agisse de son rôle de père de famille, de l’enfant apeuré dans un corps d’adulte, ou du tueur sans pitié, il compose un véritable terrain d’exploration pour Dexter.
Délaissant les failles scénaristiques de la saison 3 (et son obscur découpeur), la saison 4 renoue avec une certaine tenue, un classicisme de bon aloi qui use des codes de la série policière pour créer un cadre plausible à son héros (de moins en moins) psychopathe. Ce qui est ainsi charmant, ce sont tous ces seconds rôles dont les petites vies vous auraient ailleurs radicalement ennuyé mais qui ici prennent une dimension bien plus réelle. Les amourettes entre Laguerta et Angel Batista, aussi convenues soient-elles, s’intègrent avec aisance, et même la Debra « Je passe mon temps à dire fuck en chialant » Morgan arrive à tirer son épingle du jeu en démontrant sans cesse à son frère que chacun exprime ses traumatisme de manière différente.
Dommage que l’insanité originelle ne cesse de s’effacer sous les affres de la paternité. De moins en moins malsain, Dexter se transforme de plus en plus en héros. On ne ressent plus l’envie de tuer, le besoin de massacre. Le phénomène attraction/répulsion ne fonctionne plus. Le boucher de Bay Harbor est devenu un héros ordinaire nous laissant orphelin de sa double-personnalité. Jekyll prend le pas sur Mr Hyde.
Bien que peu plausible (Arthur Mitchell ne tue ainsi que lors de ses cycles), la saison 4 se termine néanmoins sur une scène choc où tout chancelle et où les frissons parcourent le corps. Rita incarnait l’innocence, la face lumineuse de l’american dream, la fille gentille qui vous tape sur les nerfs mais à qui vous ne souhaiteriez jamais de mal. La faire mourir dans de telles conditions permet à la série d’à nouveau transgresser les règles, et met en péril le train-train scénaristique.
On imagine bien la saison 5 reprendre 10 ans plus tard avec un Dexter étouffé par la culpabilité et se retrouvant à élever un Harrison Morgan présentant d’évidentes sources de folie meurtrière génétique. Le parallèle entre l’éducation à la Harry et l’éducation à la Dexter pourrait ainsi offrir un joli fil conducteur.
Note : 8/10