Changement de cap, le cheval de Troie a pénétré le château holywoodien et dévoile maintenant sa vraie personnalité : celle d’une musique aussi psychédélique qu’immédiate, celle d’une pop aussi folle que rythmée qui doit autant au Flaming Lips qu’au Beatles (si Dave Fridmann a délaissé la production, il s’occupe toujours du mixage).
Avaient-ils prémédité dès le départ de faire exploser le système de l’intérieur ? Non on ne peut imaginer le duo de Brooklyn si calculateur, si positivement machiavélique. Il s’agit ici plus de saisir une opportunité et de faire les bons choix de carrière. Le hasard ne vous met pas tous les jours un « Kids » entre les cordes, et mieux vaut consolider une base que de foncer tête baissée dans les nimbes illusoires d’un succès trop furtif. Avec « Congratulations », MGMT prouve pour le pire et pour le meilleur qu’il n’est pas le groupe d’un été mais bien un acteur crédible d’un psychédélisme moderne à la pointe de l’hypnose indolore (avec les avantages et inconvenants qui caractérisent un tel positionnement).
Pop de cirque (« Song For Dan Treacy ») ou du continium espace-temps (« It’s Working »), MGMT est affable et bavard : c’est Happy Days dans une cave, c’est David Baker qui aurait retrouvé les joies simples de l’adulescence. Les deux premiers titres de « Congratulations » ne laissent aucun doute sur le sujet. Il serait injuste de reprocher au groupe des velléités commerciales ou des accointances putassières.
« Flash Delerium » s’avère un titre solide qui confirme les intentions en conciliant toutes les orientations : c’est à la fois diligent et réfléchi, abordable et baroque. « Congratulations » est l’album des oxymores : folie attachante et complexité accessible cherchent à convaincre les ayatollahs sans perdre le public. Je ne leur jetterai pas la pierre ; la démarche ne manque ni de noblesse ni de sens du défi. MGMT est définitivement à l’image du titre « Siberian Breaks » : un groupe ambitieux et plein d’envies qui a cependant du mal à canaliser ses aspirations. Sur les douze minutes de ce titre phare, les américains offrent un univers personnel où une pop barrée prend son temps de développer d’entraînantes mélodies electroniquement violoniques et où les chœurs féminins viennent répondre à la complainte du premier plan. Il y a un côté cinématographique là dedans avec un soupçon de Air, le tout usant des codes de la pop psychédélique. C’est totalement fourre-tout, savoureux sur quelques minutes puis grossier sur le pont suivant.