Des crépitements de feu de cheminée qui disparaissent peu à peu sous le vent glacial d’une mélodie spatiale : ça souffle, ça souffle de plus en plus fort (« Dream of Dreams »), et la flamme grandit, prend ses aises et brille (« Careful Crossers ») ! Car sous ses airs de nouvelle énième sensation de Brooklyn, Fang Island est surtout un groupe de rock quasi-progressif des plus musclés. Les trois guitaristes ne cessent de se défier, de se répondre et lorsque l’un maintient un riff bien gras, le second s’accoquine au math rock pendant que le troisième enchaîne les solos épiques.
Entre deux salves de guitares, une voix à la Animal Collective essaye sans succès de trouver sa place (« Daisy »), ce qui n’empêche pas le titre de reposer sur un touchant équilibre. Successivement post-rock instrumental et weird rock très (trop ?) contemporain (« Sideswiper »), Fang Island n’a que faire des codes du bon goûts ! Tout ce qui semble intéresser le groupe, c’est de jouer, vite, fort et que ça s’entende, et ce quitte à être trop démonstratif. Je suis sûr que si Joe Satriani proposait d’offrir ses services, il serait accueilli à bras ouverts !
Néanmoins malgré ses qualités, Fang Island est encore un jeune groupe dont l’énergie a besoin d’être canalisée sous peine de finir épuisé avant la fin même du titre (« The Illinois »). Il lui manque le sens de la direction, ce sens qui est inné chez un Clara Clara par exemple, cette boussole qui indique le nord et qui évite de perdre son talent dans des marasmes qui s’étouffent dans leur propre coude (« Davey Crockett »).
Spécialiste du titre pop-core, Fang Island arrive à transformer n’importe quelle mélodie sixties en un brûlot craché par trois murs d’enceintes (« Welcome Wagon »). Il faut maintenant espérer que le groupe arrivera à trouver un équilibre et que la voix saura mieux s’imposer auprès du cerbère à corde.
Note : 6,5/10
>> A lire également, la critique de Jimmy sur The Music Rainbow, la critique de Mmarsup sur Little Reviews, et l’article de Paul sur Pomme de Pin