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ALEX SMOKE – Lux

Par Benjamin Fogel, le 08-06-2010
Musique

Danser ou comprendre ? Se laisser emporter ou résister ? Une double question qui a souvent séparé techno et électronique et à laquelle Alex Smoke livre ici une inattendue réponse via un album pacifiste et fédérateur qui met face à face les courants afin, non pas qu’ils s’opposent frontalement, mais qu’ils communiquent ensemble.

Il en découle un dancefloor méditatif propice à la réflexion où le Dj écossais tire à vue de nez afin de remettre les compteurs à zéro et prouver que tous les sons sont égaux. Il peut côtoyer le dubstep (« Paracelsus ») et faire adhérer à l’envie tous les styles approchés. Les sonorités naturelles comme des chants d’oiseau (« Ikos ») en finissent par devenir plus artificielles que les séquences organiques sur lesquels se développent les morceaux. Le travail sur la densité sonore confère une dimension particulière à certaines tracks qui prévalent ainsi autant par leurs textures que par leurs mélodies (« Filla »).

Techniquement, Alex Smoke a su transcender ses fondations rythmiques exposées sur le « Lost in Sound » de « Incommunicado », et se place avec des chansons comme « Northwoods » au niveau de ses collègues warpiens. L’utilisation des voix robotiques est toujours pertinente tout en évitant par l’on ne sait quel tour de passe-passe les clichés inhérents au style (« Lux+ »). On y ressentirai presque ces émotions happées dont Burial s’était fait le maître avec « Untrue ».

« Bligkered » aurait mérité d’être écourtée tant les patterns mettent un certains temps avant d’être subtilement modifiés. Là est peut-être l’une des bévues de Alex Smoke : à vouloir systématiquement hypnotiser, il étale trop ses titres sur la longueur au point de diminuer l’attention nécessaire à l’adoption de leurs complexes (et brillants) développements finaux. Pourtant de manière assez paradoxale, « Lux » possède justement cette capacité particulière à relancer la machine à l’instant même où l’auditeur pourrait lâcher et ce via le simple rajout d’une boucle imprévue (« Uncern »). Il y a ici une subtile adéquation entre génération de routines et destruction de celles-ci.

Bien qu’il s’agisse de son troisième LP, on sent que Alex Smoke, homme de maxis, n’est toujours pas à l’aise avec la notion d’album, et que la gestion des minutes qu’il exerçait à merveille sur l’EP « Hanged Man » ne peut être reproduite sur une heure de musique. Oui, assez ironiquement, « Lux » est album trop long qui n’use pas assez des mécanismes efficients d’interlude (confère le « Drukqs » d’Aphex Twin), et c’est à bout de force que l’auditeur encaisse les beats piqués couplés aux cordes synthétiques de « Pilk ».

On ne sait jamais s’il faut craindre ou se délecter de la richesse de ce « Lux » dont le « Platitudes » est une trompeuse porte d’entrée, mais à bien des égards Alex Smoke vient de capturer en son sein tout un peuple qui pensait enfin avoir réussi à s’extraire du Four Tet et du Pantha du Prince.

Note : 7,5/10

>> Quelques titres en écoute sur MySpace
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