Malgré ce système qui contrôle tout, malgré cette logique inhérente à la vie humaine qui pousse vers une forme de reconnaissance et vers une recherche d’un positionnement parmi le peuple, malgré la transformation des contre-cultures en micro-cultures, le dubstep reste un terrain de jeu imperméable aux modes et à l’influence du monde extérieur, une musique qu’on aperçoit qu’au travers de brefs flash forwards et qui nous donne l’impression d’entrevoir un futur où des milices underground discutent dans un langage codé de l’avenir de la liberté, un futur ou le populisme se fait élitiste et inversement.
« II-Mmx » accompagne l’auditeur au travers d’une brume dense à travers laquelle on peut parfois entrevoir les échos d’autres civilisations : du gothic dubstep (« Toe to Toe ») et des courants orientaux (« Dust Storm »).
Cependant, on sent bien que naviguant à vue, Clubroot n’ose pas prendre de décisions qui risqueraient de déstabiliser son organisation naissante. Si les rythmiques de « Running On Empty » proposent des variations intéressantes, il faudra souvent se contenter de boucles qui ne remettent jamais en cause leur nature et de claviers qui manquent parfois de profondeur (« Whistles & Horns », qui aurait pu être un équivalent au« Sempiternal » de l’album précédent mais s’essouffle en chemin). De même, on sent combien Clubroot n’est que peu à l’aise avec les durées courtes, l’interlude « Sjambok » ne faisant preuve d’aucune personnalité.
« II-Mmx » se clôt sur une dernière vague de beats empoisonnés. Rien n’est certain mais au loin une légère lumière semble tenter de transpercer le brouillard. Arrivé au port, on se réveillera sans se souvenir du moindre détail du voyage mais en sachant que c’est le son qui, de par son cocon rythmique, nous a protégé des tempêtes.
>> « II-Mmx » est en écoute sur Spotify
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