Alors que l’on attendait un successeur à « Roots and Wire » (sorti en 2008 sur Wagon Repair), Deadbeat surprend l’assemblée en revenant avec un mix en forme de compilation des artistes du label américain The Agriculture. Si les « compilations » ont toujours eu du mal à être traitée comme de véritables œuvres, force est de constater que « Radio Rothko » ne peut être considéré autrement.
Deadbeat réunit ici un panel exhaustif à la fois riche en « name dropping » et en découvertes plus confidentielles. Bien que canadien de naissance Scott Montieth (alias Deadbeat donc) réside à Berlin, et c’est sans surprise que, outre ses propres morceaux, on retrouve par deux fois le duo Moritz Von Oswald / Mark Ernestus, une fois sous le nom de Basic Channel, une fois sous le pseudonyme de Maurizio et la techno minimaliste de Monolake, influencée par le dub. Tout Berlin habite ce « Radio Rothko ».
Les beats se font aspirant (« Site 312 ») et la téléportation un soir de l’hiver 95 dans un club perdu en périphérie de la capitale culturelle allemande est immédiate. Le monde tourne au ralenti (« Redux » par 2562) ; la musique a les effets hallucinogènes d’une drogue. Les basses virtuelles vibrent ; il n’y a pas d’instrument ici, la cause de « Radio Rothko » est dédiée au dub électronique.
La rigueur des pionniers se mélange à la fraîcheur des disciples, et les nouveaux noms se font aisément une place. Deepchord et Pendle Coven envoûtent tandis que Quantec (qui avait d’ailleurs sorti un très bon « Cauldron Subsidence » l’année dernière) livre un dub organique intransigeant.
Deadbeat transforme l’exercice en art, la relecture devient lecture comme si l’homme arrivait à se réapproprier un titre juste en le samplant dans son intégralité.
Note : 8/10
>> « Radio Rothko » est en écoute sur Spotify