Aa
X
Taille de la police
A
A
A
Largeur du texte
-
+
Alignement
Police
Lucinda
Georgia
Couleurs
Mise en page
Portrait
Paysage

Il est de ces groupes qui brûlent la vie par les deux bouts, qui prennent feu avant de s’être envolés. Ce sont des aimants incandescents qui filent droit au but en absorbant tout sur le passage, rien ne leur résiste et ils ne regardent jamais en arrière. Lorsqu’ils fendent l’air en entraînant le peuple dans leur sillage, on les imagine magnanimes et plein de vertus fédératrices mais lorsque la tornade est passée il ne reste que traînées de poudre et désolation. La conquête de l’espace ? Oui mais à quel prix ? Peut-on faire confiance au pilote James « The Cat » Righton ?

Dans « The Same Space » on trouve des chœurs samplés, des chants qui s’alternent, des guitares qui se querellent avec des claviers pour se faire une place. C’est étouffant comme si le trio cherchait à faire croire qu’ils étaient deux fois plus. Les réacteurs s’allument mais l’impulsion de départ n’est pas suffisante, et l’illusion n’y changera rien. « Surfing The Void » essaye de nous refaire le même coup que « Atlantis To Interzone » en appuyant sur le côté fourre-tout et en laissant les harmonies vocales partir dans l’autre sens que la guitare. Malheureusement il manque à la recette les épices originelles. Du coup ça a la même apparence, la même texture mais définitivement pas le même goût, ce n’est pas assez relevé : ça brûle mais ça ne se consume pas.

« Venusia » est assez représentative des travers du groupes : entre ses claviers eighties et ses solos de guitare sous mixé laissés en roue libre, on dirait que Klaxons saupoudre sans cesse de paillettes étincelantes ses vêtements déjà bien colorés. Le résultat est inévitable : ça fait mal au yeux et ça colle une migraine ophtalmique. Alors qu’on pouvait auparavant voir dans des titres comme « Totem On The Timeline », une fougue rock à la Eighties Matchbox B-Line Disaster, on se retrouve ici avec la première pierre d’un futur opéra-rock qu’on imagine arriver au troisième ou au quatrième album.

Pourtant les compositions sont vraiment là, si l’on arrivait à n’en garder que la substantifique moelle, l’évidence pop de l’écriture s’imposerait d’elle-même. Malheureusement, celles-ci ont été recouvertes de plaques métalliques et de boulons à velléités décoratives. Du coup « Surfing The Void » est boursouflé, il plie sous ses ambitions et sa production, et échoue à reproduire la fraîcheur des singles pop comme « Golden Skans » sur « Myths Of The Near Future ». Du coup, si Klaxons maîtrise indéniablement son affaire et est porté par une rythmique qui tire vers l’avant à la manière d’un Bloc Party (« Valley Of The Calm Tree »), il ne réussit pas à générer les émotions souhaitées.

La manière dont interviennent/disparaissent les guitares sur « Flashover » et la production de l’ensemble, l’aspect violent mais au final toujours entraînant illustre l’influence que Ross Robinson peut avoir sans bouger de sa console. Car finalement (comme Korn au fond), Klaxons ne fonctionne que lorsque l’instrumentation respire un peu (les intros, les ponts) où lorsque le positionnement catchy est parfaitement assumé (Twin Flames). Entre les deux, le groupe se perd (« Extra Astromical »), il prend des détours, croule sous les mauvaises idées et une certaine lourdeur.

En écoutant des titres comme « Future Memories » et en se focalisant sur cette basse distordue, on n’est pas loin de se dire que Klaxons partage avec Muse cette incapacité à comprendre les tenants et les aboutissants de la retenue et des vertus qu’elle pourrait avoir sur leurs chansons. Car d’une certaine manière, « Surfing The Void » souffre avant tout de cette envie d’en mettre plein la gueule, d’être abrasif comme un groupe de métal, sensible comme un groupe de pop-folk et dansant comme du Britney. Dans cette logique, il n’y a que « Cypher Speed » qui tire son épingle du jeu mais c’est un peu trop tard.

Au petit matin, on constate que le champ est ruiné et que l’herbe ne repoussera jamais. La tête prise dans un étau, les oreilles qui bourdonnent encore du son de la veille, nous réalisons avec effroi que nous sommes trop vieux pour la New Rave.

Note : 3,5/10