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Parfois l’honnêteté vous dévoile une image de vous-même que vous auriez préféré ne jamais voir se former dans le miroir. Non pas qu’il soit difficile de devoir assumer ce que l’on est mais plus qu’il y a encore quelques mois vous ne pensiez pas avoir à assumer quoique ce soit. S’agit-il d’un concours de circonstances ou mon enthousiasme me joue-t-il des tours ? Ces derniers temps, peu de groupes nouveaux m’émeuvent et seuls les fidèles de toujours me ravissent. Et si je ne veux pas être cette personne qui fustige les nouveaux arrivants en prônant la supériorité du passé, l’honnêteté souligne bien (sans pour autant en tirer de conclusions trop hâtives) vers où se dirigent mes pensées du moment : The Fall, Swans, Killing Joke et maintenant The Ex ! Les guitares de la vieille garde du post-punk (et affiliés) sont au cœur de toutes les attentions. Momification personnelle ou réel pied de nez des maîtres à la jeunesse ? Je reste optimiste et choisit la deuxième possibilité.

La discographie de The Ex s’est bâtie sur des détours , des crochets et des rencontres, surtout des rencontres : de l’Ethiopie du saxophoniste Getatchew Mekuria et du Ililta Band, aux voyages en Érythrée (sur « Turn »), des collaborations avec Dog Faced Hermans aux tournées avec Fugazi et Shellac, le tout en s’arrêtant sur les fameux Fishtank avec Tortoise et Sonic Youth. De ces tours du monde, G.W. Sok, leader de la formation depuis 30 ans, en est sorti épuisé et convaincu par la nécessité de tourner la page. La boucle aurait pu être bouclée et The Ex aurait pu mourir avec la disparition de ce qui l’avait toujours animé : l’envie. Mais que nenni, ce fut même tout le contraire qui se produisit ! Bousculé dans ses habitudes et contraint de retrouver en la personne de Arnold de Boer (Zea) un nouveau chanteur, le groupe hollandais revient possédé par une fougue juvénile et tiré par des cordes vocales qui au grand miracle propose une alternative sans jamais susciter la comparaison avec la silhouette du prédécesseur.

Ce que The Ex aura perdu en expérimentation, il l’aura regagné en impulsivité, les influences africaines n’étant plus des dérivatifs mais bien des éléments intégrés en permanence venant soutenir la rage comme les instrumentations classiques pouvaient le faire sur le « Hosannas from the Basements of Hell » de Killing Joke. Conforté par la trompette de Roy Paci et la production de Steve Albini (producteur désormais attitré), Katherina Bornefeld s’égosille en éthiopien sur un single à la Gang Of Four (« Eoleyo »).

On pourrait écouter en boucle l’introduction de « Maybe I Was The Pilot » et cette guitare si post-punk ; on pourrait écouter en boucle la conclusion de « Maybe I Was The Pilot » et ce saxophone fou qui crée un espace noisy à la John Zorn ; car « Catch My Shoe » est d’abord un disque où l’on peut puis un disque où l’on doit, et où seulle la chaleur des cuivres et les attaques acérées des guitares permettront de combattre les intempéries (« Cold Weather Is Back »).

Dans un sens, on pourrait croire que « Catch My Shoe » doit un peu trop à la présence de son nouveau frontman et à ce chant haché qui ressemble comme de par hasard à celui de Mark E Smith (« Double Order »), mais « Bicycle Illusion » ne trompe pas : tout fonctionne ici naturellement et se suffit à lui-même. Il n’y a pas d’éléments moteurs chez The Ex, car The Ex est l’élément moteur !

Il y a vraiment quelque chose de très personnel dans les guitares de « 24 Problems » ; alors que la musique n’est par nature qu’une simple déclinaison, on retrouve la même habileté que les trois groupes cités plus haut à s’approprier le son, non pas par des gimmicks, non pas par des artifices, ni par une voix ou par l’originalité de la formation, mais bien par l’envie. L’envie, une fois de plus, un mot qui finalement se conjugue bien avec l’honnêteté. Avec de tels albums, je n’aurai plus peur de me regarder dans le miroir.

Note : 8/10

>> Quelques titres en écoute sur MySpace
>> A lire également, la critique de Mathieu sur Random Songs

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