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Il y a quelques mois, Mount Kimbie ouvrait de nouvelles perspectives en traversant en diagonal la plaine qu’est le dubstep. Mount Kimbie, c’était la féérie r’n’b sur la sécheresse rythmique du dubstep, c’était l’austérité électronique qui s’habillait de chair. Mais la force de leur Crooks & Lovers était ailleurs. C’était son imperfection, ses faiblesses qui donnaient un pouvoir addictif assez intriguant. Des escrocs et des amoureux donc. Sachant pertinemment que leur amour pour les voix soul et rythm’n’blues seraient une arnaque pour les intransigeants, ils se lâchaient et le charme opérait. Pourtant, on a pu lire des reproches sur leur dilettantisme, notamment en live. Plutôt du côté de l’arnaqueur donc.

Et, malheureusement, il semble que le déluge rafraichissant Mount Kimbie n’était qu’un coup d’un soir. James Blake, proclamé génie comme l’a pu être un Nathan Fake, sort d’abord quelques EPs encourageants, dans la lignée de Crooks & Lovers, mais plus du côté “lover” vu le romantisme acidulé omniprésent. Un album donc, en 2011, pour le nouveau prodige, le sauveur du dubstep. Celui qui ferait avancer le genre, d’un pas de géant. Et pourtant, retour à la case départ, quand Burial balançait ses samples dans des ambiances urbaines sombres et puissantes comme les secousses d’un métro. La force de Burial était dans ses ambiances qui faisaient presque oublier à quel point ses voix vibrantes d’émotions pré-digérées étaient épuisantes. James Blake continue le trajet et épure, encore et encore. Là où Scorn épurait au profit de l’ambiance, condensé de noirceur et austère comme le sourcil froncé de Lionel Jospin, James Blake, lui, s’appuie sur les voix.

Erreur, ô combien fatale, de se tromper ainsi de chemin. A vouloir être trop humain, James Blake sombre dans le chamallow électronique. La base rythmique, celle qui fait se mouvoir en rythme les nuques, est inexistante, aucun décrochage jubilatoire, aucune surprise. Une ode à l’auto-tune qui peut rappeler parfois les plus horribles heures de Bon Iver par Kanye West. On pourrait penser voir la lumière quand il reprend Feist – ou même le début du titre d’ouverture, presque prometteur ! -, mais décidément jamais une boîte à rythme ne démarre vraiment. James Blake se noie entre deux eaux, comme si sa moitié lui manquait. Là où les rythmes devraient provoquer une tachycardie de bonheur suivie de chute de tension, là où les répétitions obsédantes devraient inventer des univers nouveaux, on se retrouve devant du vide, avec la désagréable impression d’écouter un maxi d’acapellas auto-tunés pour remix aléatoire. La frontière entre l’escroc et l’amoureux ne tient qu’à un fil, et il semble bien que James Blake manque d’équilibre.

Le nouveau génie du dubstep sort son premier album chez Hemlock Recordings, une erreur de jeunesse, espérons-le. Après tout, on est pas sérieux quand on a 22 ans.

Note : 3,5/10

>> A lire également, la critique de Arbobo, la critique de Laurent sur Esprits Critiques , la critique de B2B sur Chroniques Électroniques et celle de Mmarsup sur Litlle Reviews

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