C’est un groupe dont on pensait qu’il se perdrait bien trop vite dans le labyrinthe alors qu’aujourd’hui c’est nous qui ne retrouvons plus la sortie. Moon Duo donne d’abord l’impression de vous semer dans des dédales de guitares et de faire converger le soleil sur les cranes, mais lorsqu’on prend de l’altitude, qu’on contemple le labyrinthe du ciel, on réalise qu’il ne s’agit pas d’un divertissant cache-cache mais bien d’un ambitieux casse-tête.
Moon Duo est un groupe qui fonctionne sur un déséquilibre : d’un côté les riffs jouissifs, succulents et acérés de Erik « Ripley » Johnson, de l’autre le clavier hypnotico-paresseux de Sanae Yamada. Force et faiblesse mais aussi arrogance et discrétion (« When You Cut »). C’est de cette confrontation entre un homme qui est une force de la nature sonique et cette femme qui se cherche dans l’ombre, entre un homme dont la musique file entre les doigts et cette femme qui combat sa timidité pour s’imposer face au talent de son ainé, que nait ce « Mazes » massif et évident alors qu’il devrait être brinquebalant et suspect. Il fonctionne sur un déséquilibre mais non pas sur le déséquilibre. Car il suffit d’une note de clavier enfoncée avec conviction pendant 5 minutes consécutives pour que soit contre-balancée la course folle du grateux à la barbe hirsute de Wooden Shjips.
On pourrait voir dans ce psychédélisme brumeux, une simple nouvelle tentative de prolonger les égarements vaporeux d’un passé révolu, mais de par cette manière qu’a la fuzz de jouer au chat et à la souris avec les rythmiques krautrock, Moon Duo confirme après « Escape » sa capacité à mener les bikers sur les autoroutes les plus industrielles (« Fallout »).
Moon Duo peut être abrasif comme du métal, anxiogène comme du drone et halluciné comme du rock psyché, et c’est parce que le jeu de guitare de Erik « Ripley » Johnson possède ce ton, cette liberté que l’on ne cherche bientôt même plus la sortie du labyrinthe. Non on se blottit entre les feuillages, dans un recoin où seul le hasard pourrait mener l’un de nos congénères. On s’allonge dans l’herbe là où le soleil tape de plus en plus fort ; et nous ne sommes alors retenus à la réalité que par le bruit des moteurs des Mirages.
Note : 7,5/10