On se dit qu’on ne nous y reprendra plus de tenter de remplir un article, de sortir les arguments au forceps, de s’imposer cette maïeutique critique. On aurait tort pourtant de n’y voir qu’un masochisme forcené, parce que la confusion du critique peut se doubler du plaisir de l’auditeur lambda (ce sont la même personne après tout). The Cave Singers, c’est donc un de ces nombreux groupes de l’entre-deux, sortant assez peu de morceaux marquants pour vraiment décrocher la timbale, mais suffisamment attachants pour qu’on écoute toutes leurs sorties.
Et il y a fort à parier qu’on reviendra quoiqu’il arrive vers le groupe de Seattle (tu as pensé ‘grunge’ ? Tu as un gage), parce qu’on apprécie toujours la proximité de cette voix éraillée, qui sonne comme un cliché du genre mais permet de se remettre très facilement dans le bain ou parce que le violon vient souvent à propos pour ajouter un peu de liant.
Mais comme vous êtes venus pour avoir un avis et une analyse superficielle, je me dois de vous dire qu’on constate sur cet album une patte plus seventies, voire même occasionnellement orientalisante (Outer Realms). Haystacks et ses chœurs féminins sonne comme une version roots des Rolling Stones (pas ma référence la plus usée ici).
Ils durcissent aussi quelque peu le ton (Black Leaf), ce qui ne suffit pas pour en faire de dangereux terroristes sonores. D’ailleurs, une certaine lenteur leur va aussi bien au teint (Distant sures). Leur nervosité s’exprime par l’emploi de fuzz sur la guitare, comme chez Two Gallants dont on est sans nouvelles, et il est fréquent qu’un morceau s’articule autour d’un gimmick de guitare (Haller Lake), comme chez les Dodos qui s’exposent plus qu’eux à un retour de flamme de hype. Sur l’album précédent, on pouvait encore compter sur Leap qui était plus immédiatement séduisant que le reste. Ce genre de morceau manque ici.
Ce n’est pas péjoratif de reconnaître que les Cave Singers ne sont pas des leaders dans leur style. On a pu lire parfois que les critiques sont des gens blasés et musiciens manqués sur les bords. Pour ma part, je clamerai toujours mon admiration de ceux qui continuent à prêcher leur musique honnête et artisanale sans que la médiatisation ne vienne leur élargir l’audience (tiens, ce n’est pas super heureux comme formule).
Note : 6,5/10