Voilà maintenant plus de deux ans que l’on attendait le retour au premier plan du suisse Alessandro Zampieri. Après avoir sorti ses deux premiers travaux (Can You Hear My Call etFaces) sur la regrettée maison Geska, Stendeck était entrée par la grande porte dans la famille Tympanik Audio avec une oeuvre aussi dense qu’exigeante : Somnambula. Scintillaest donc logiquement attendu comme un des “must have” de cette année. Celui qui demeure influencé aussi bien par le post-metal que par les travaux de Skinny Puppy, le drone, l’ambient ou les compositions classiques ne devraient pas les faire mentir.
Autant prévenir les curieux à l’esprit aventureux mais non coutumiers du genre à ce moment de la chronique, Scintilla n’est pas un album destiné aux néophytes. Tout d’abord de par l’absence de compromis qui l’habite et de par son caractère physique et éreintant. Mais ne nous y trompons pas, Scintilla est la réalisation la plus passionnante et la plus aboutie de Stendeck à ce jour. Software et hardware cohabitent sur ce véritable monolithe pas si abstrait que ça qui réjouira les amateurs de soundscaping aussi atmosphérique que rugueux. Scintilla semble évoquer les destins croisés d’un enfant et d’une étoile filante. Le gamin, à qui on ne cesse de dire qu’il faut faire un voeu lorsqu’il aperçoit un éclair de lumière déchirer la nuit, s’interroge sur l’hypothétique existence d’un cimetière de micro-comètes et que ces dernières, en éternelles et omniscientes spectatrices de la galaxie, pourront répondre aux sempiternelles questions : D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Quel est le sens de l’existence ? L’étoile filante et donc scintillante, connaît depuis longtemps son funeste destin et sa finale destination, laisse échapper cendres, poussières et flammèches comme autant d’espoirs déchus et de frustrations. Lutter corps et âme pour ne pas disparaître, car trouver la paix du corps et de l’esprit c’est voir l’abandon de la lutte se matérialiser. C’est donc cette rencontre ô combien lointaine mais terriblement simultanée qui entre en collision et qui nous est jetée en plein dans les oreilles et les yeux. Cette substantielle relation entre espoir et peine, entre beauté et violence. Ce feu, brûlant et incandescent, qui ne veut pas et ne doit pas tarir. Mais rassurez-vous, chacun pourra une nouvelle fois dessiner les contours de sa propre illustration mentale. Pour tenter d’être un peu plus pragmatique, disons que les textures sont superbes, le rythme frénétique, renforçant l’omniprésence de la fusion et donc du feu dans cet écrin dark et spatial, mais définitivement plein d’espoir. Quand un pianiste formé à l’école classique utilise les synthétiseurs, ça a tout de suite beaucoup plus de gueule que les errances cliquées d’un geek en devenir. Si une nouvelle fois il est question d’un album à envisager comme un bloc indivisible, je retiendrais plus particulièrement Feel The Flames Burning Inside Me, Tight Around Her Throat She Slips Away, Run Amok (dont la video a déjà fait quelques ravages sur Youtube), Six Door Bedroom, Why Did We Get So Far ? et le terrassant Crimson Clouds Cascade de clôture.
Chanceux seront ceux qui pourront être les témoins de la virtuosité du suisse en live lors de l’Electron Festival de Genève. Les autres se rattraperont avec l’acquisition de ce superbe album dans sa version physique (la compression au format mp3 altère de manière importante sa richesse et sa densité). Ils pourront ainsi profiter d’un divin artwork réalisé par un certain Subheim. Sans surprises, Scintilla est plus que réussie et fait déjà partie des meilleurs albums du genre sortis en 2011.
Note : 8/10