Dans chacun des trois premiers albums de Tv On The Radio, il y avait une volonté de livrer l’album d’indie rock définitif en irriguant successivement les chansons de dérapages mélodiques, de couches soniques et de saveurs soul, et à bien des égards « Nine Types of Light » cherche à casser cette dynamique. Il ne s’agit pas de faiblesse ou de lassitude mais bien d’une remise en question volontaire. Tv On The Radio est un coureur qui après avoir cherché à battre tous les records réalise que courir est la seule chose qui l’intéresse.
Il en découle un positionnement sur la notion d’ambition. Doit-on se réjouir de l’humilité qui se dégage du disque (le groupe n’y est jamais démonstratif) ou doit-on se plaindre de cette machinerie qui ronronne maintenant sans jamais chercher à se dépasser ? La roue s’est arrêtée sur « Dear Science » et on a le sentiment que le groupe a trouvé la formule qui lui convenait, que ce rock teinté de soul et de petites trouvailles sonores sera désormais son crédo à lui qui avait juré il ya dix ans de faire la synthèse entre tous les styles.
Si la comparaison avec le troisième album de Tv On The Radio ferait plutôt pencher la balance du côté du regret, il est important de ne pas voir en « Nine Types of Light » l’album paresseux d’un groupe sans envie dont les membres auraient déjà la tête dans leurs futurs projets. Au contraire, malgré l’absence totale de prise de risques, la majorité des titres sont habités par une saine passion et un habile sens du travail abouti. Il y a toujours autant de rage dans un « No Future Shock » tandis que « Second Song » possède analytiquement toutes les cartes pour être une grande chanson de pop transgenre.
Des titres comme « Will Do » (et son irresistible refrain) dévoilent les intentions : It might be impractical / To seek out a new romance / We won’t know the actual / If we never take the chance / I’d love to collapse with you / And ease you against this song / I think we’re compatible / I see that you think I’m wrong – Tv On The Radio a encore le contrôle de sa destiné et ne se laisse pas porter par les habitudes et la monotonie ; et si habitude il y a, ce sont des habitudes souhaitées, des habitudes qui apportent sérénité et bien être. Anytime will do, My love.
Alors oui on pourrait aussi y voir le signe d’un groupe trop sûr de lui, persuadé qu’il a déjà atteint les sommets du cool ( « Repetition ») et qu’il n’a plus qu’à s’y maintenir paisiblement (quelques titres au songwriting très en de ça comme « Keep Your Heat » et « New Cannonball Blues »). Mais alors que Tunde Adebimpe prend la tangente cinématographique, que David Sitek accole son nom sur énormément de disques, que Kip Malone démontre en solo ses qualités d’écriture et que surtout Gerard Smith lutte contre un cancer du poumon, on se plait à y voir surtout la bouée de sauvetage qui leur permet à tous de ne pas se perdre, de ne pas oublier qui ils sont et d’où ils viennent.
Note : 6,5/10
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