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Tim Presley aura été guitariste le temps d’un album (« Reformation Post TLC ») et d’une tournée de The Fall. Cela peut paraitre un détail mais compte-tenu du niveau d’exigence que Mark E Smith place dans ceux qui tiennent la lead guitare, cette information en dit long sur celui qui n’aura pourtant pas su faire briller ses deux autres groupes (Darker My Love et The Strange Boys) – car si convaincre Mark E Smith de travailler avec soi ne signifie pas grand-chose (cf Gorrilaz) il n’en va pas de même d’être « choisi » par le pape acariâtre du post punk. De ces expériences passées, Tim Presley a gardé une exigence et une rugosité qui prennent enfin leur ampleur sur ce second album de White Fence son premier projet solo.

Seul aux commandes l’américain n’en fait qu’à sa tête et laisse libre cours à toutes ses envies, des envies qui l’emmènent au-delà de l’évidente aura de l’esprit C86 et puisent leur énergie dans les vapeurs du folk psychédélique des années 60. Sachant que sa propre musique a tendance ne jamais lui obéir, on ne tarde pas à pénétrer dans un agréable chaos où l’on flotte au milieu de sons qui n’ont pas l’air issu de la même chanson. La musique de « Growing Faith » n’a pas écouté les consignes et Tim Presley a beau la rappeler à l’ordre, elle continue de courir à tue en tête sans se retourner, et si par malchance les remontrances s’avèrent trop agressives, elle se met alors inexorablement à bouder. Mais le père n’en a que faire, le fils peut multiplier les caprices, son chant porté ne dévira pas de sa route.

La guitare est alors un enfant qui doit faire ses propres expériences et qui erre dans des rues désertes (« Lillian – Wont You Play Drums? »). Elle pique des colères passagères comme un gamin versatile encouragé par l’atmosphère capiteuse de l’appartement mal éclairé de ses parents ; à n’importe quel moment le disque peut dérailler – rien n’est plus lunatique qu’un enfant guitare (« Harness »).

Au milieu de cette grande tendance entre garage, surf rock et psychédélique (en gros tous les groupes au milieu du triangle Best Coast, Smith Western et Weekends), White Fence apparait comme un point perdu à l’est de l’hypoténuse. Car oui ici, comme avec The Soundcarriers, il ne s’agit pas de revival mais bien d’un groupe perdu dans une autre époque.

Le spoken word de «The Mexican Twins/Life is…Too hort » transporte Tim Presley des productions étouffées d’un studio de hip hop expérimental jusqu’à une magnifique ballade beatlesienne ! Que faut-il déduire de ces incessants revirements ? S’agit-il de caprices éhontés ? White Fence est-il un patchwork maladroit d’influences diverses qui ne savent jamais concourir en un point ? Tim Presley est-il un garçon mal élevé qui n’en fait qu’à sa tête ? Un garçon trop occupé à assouvir égoïstement la moindre de ses envies pour avoir le temps de réfléchir à la notion d’un album ? Bien au contraire, c’est même tout l’inverse ! « Is Growing Faith » est un album généreux qui courre dans tous les sens pour être sûr de n’oublier personne.

It’s the wrong race, but you can still run ? Oui nous devrions tous quitter le stade et foncer à travers les chemins débroussaillés par White Fence !

Note : 7,5/10

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