La « Useless Playlist » est un ensemble de chansons constituant une bande-son inutile. Chaque chanson est associée à un moment de vie (c’est très bien fichu). Régulièrement, Olivier Ravard, un autre membre de Playlist Society ou bien encore un Invité de Qualité Premium, proposera une nouvelle chanson, ainsi que quelques mots sur le moment de vie associé, qui viendront compléter la playlist.
Cette semaine, Olivier Ravard nous présente : la chanson pour faire chier les voisins avec « March of the Pigs » de Nine Inch Nails (en écoute dans le lecteur à gauche).
Idéalement martial et schizophrène, « March of the Pigs » incarne à lui tout seul la raison d’être des amplis hifi de plus de 100 watts.
Que s’est-il passé dans le cerveau malade de Trent Reznor lorsqu’il a composé « March of the Pigs » ?
A dire vrai, on n’en sait rien. Et ce ne sont pas les paroles du machin, peu amènes, certes, mais d’une rare opacité ,qui éclaireront une lanterne dont on se moque bien qu’elle soit allumée, soit dit en passant.
Notons au passage que ce morceau, tiré de « The Downward Spiral », bien bel opus de fracas industrialo agacé et clef de voute de l’oeuvre cérébralo-rentre dans le lard de Nine Inch Nails, fût composé dans le sous sol de la Tate Mansion. La Tate Mansion, c’est là que s’est illustré Charles Manson, serial killer illuminé de profession, en y trucidant, aidé de sa fameuse Manson Family et dans une certaine allégresse, Sharon Tate et quatre autres personnes de types semi-mondaines qui avaient la malchance de se trouver là, avant de décorer les murs de la bâtisse en inscrivant « Pigs » un peu partout avec le sang qu’il avait sous et sur les mains.
Charles Manson, voilà un homme qui savait faire chier ses voisins.
Fort heureusement, il n’est plus nécessaire d’en arriver à de telles extrémités pour faire chier ses voisins.
Les moyens de faire chier ses voisins sont désormais nombreux : petite outillage domestique à fort niveau sonore (perceuse, marteau, et autres ponceuses), appareils éléctro-ménagers (une machine à laver le linge mal fixée, officiant à 1200 tours / minute en phase essorage fera l’affaire), talons qui claquent, enfants qui pleurent, claques et/ ou coups de talons qui claquent dans la gueule d’enfants qui pleurent, engueulades conjuguales, réconciliations conjuguales, écoute de Vincent Delerm à fort volume (ha non, ça c’est matériellement impossible)… La liste est longue.
Mais aucun stratagème ne vaudra jamais la diffusion du « March of The Pigs » de Nine Inch Nails sur l’appareil de reproduction sonore le plus puissant dont vous disposez. L’important, c’est de régler le volume sur « plus fort que ça c’est pas possible » en ayant pris soin de s ‘équiper de bouchons d’oreilles au préalable afin de prévenir tout risque d’acouphène. Sachons nous prémunir du pire.
Alternant quelques trompeurs moments de douceur rassurant les oreilles situées à proximité indirecte de la source et, surtout, de brusques poussées de violence sonore, qui, à fort volume, pourront avoir raison des patiences les plus éprouvées, « March of the Pigs » constitue une authentique chanson d’aliénés apte à vous mettre à dos votre voisinage entier, pour peu que vous l’écoutiez TRES fort.
Evidemment, ce morceau ne peut s’écouter que TRES fort.
Pire, la chose n’a pas pris une ride, puisque c’est avant tout une excellente chanson.
Et comme le clip est iconique dans le genre « Hop là, Vraie prise live où on fait les malins, tout à 11, sur fond blanc, je jette mon micro quand je veux d’abord et on vous emmerde … » (notez le moment où Trent Reznor part manifestement en vrille en faisant rien qu’à se jeter sur son guitariste de gauche avant de sauter sur place dans un mouvement des plus désordonnés, à 1:55), vous pouvez le visionner là maintenant (colonne de gauche).
Un question reste cependant en suspend : pourquoi Diable vouloir à tout prix faire chier ses voisins ?
La réponse est simple :
Parce que <ici insérer une très bonne raison qui vous convient>.
>> le très réussi portrait illustrant cet article est emprunté à Monsieur J., photographe dont vous pouvez visiter les travaux là