Les héros seraient-ils fatigués ? Après un Mogwai en petite forme, ce sont les Texans qui nous soumettent un Take Care Take Care Take Care en bien petite condition. Du précédent album, on pouvait conclure qu’un morceau sur deux était emballant. J’ai quand même la furieuse impression que peu des six (une quantité classique pour eux) figurant ici ne peut prétendre rivaliser avec ce qui n’était déjà pas un sommet de leur discographie. La déception ne vient pas d’une variation sur un style qu’on appréciait mais du manque d’étincelle alors que le style, lui, n’a pratiquement pas changé.
Le style d’Explosions In The Sky reste donc immédiatement identifiable, très mélodique et rempli d’arpèges lacrymaux et de guitares un peu stridentes. On pourrait penser que ces deux considérations sont dédaigneuses, mais c’est une des définitions de leurs paroxysmes, de ces moments irrésistibles qu’on ne se lassait pas d’attendre. Ces instants-là , ces vagues successives qui viennent se briser sur la grève de The Moon Is Down ne jouaient pas nécessairement sur la dynamique du bruit, sur une brusque distorsion mais sur des arpèges qui claquent ou un sens mélodique très rare.
Si ces définitions sont au passé, c’est qu’il en est nettement moins question ici. Par exemple, Be Comfortable ne décolle jamais, mais ne sert pas non plus d’atterrissage au morceau précédent. On attendra en vain l’embrasement. Dans ce contexte, un Postcard From 1952 prend un certain relief. C’est en tous cas le morceau le plus recommandable.
Il est peut être inopportun d’emprunter un champ lexical martial, mais au lieu d’être un théâtre d’opérations grandiose dont on ressort un peu meurtri (Those Who Tell the Truth Shall Die, Those Who Tell the Truth Shall Live Forever), Take Care (3x) est un combat de basse intensité, une guérilla. Mais le manque d’action ne doit pas masquer le fait que l’album glisse d’une traite sans déplaisir, et que je n’en ai jamais interrompu l’écoute.
Comme après tout album d’un groupe qu’on aime en demi-teinte, on est partagés entre la satisfaction d’avoir écouté à haute dose une musique agréable tout en se disant qu’on n’aurait sans doute pas accordé tant de crédit à une formation débutante. C’est donc un album un peu en roue libre, d’un groupe sans doute en panne d’étincelle mais qui mise sur son savoir-faire pour se rappeler à notre bon souvenir. Même s’ils sont dans un jour sans, pas trop en forme à cause du boulot, on retrouve certains copains avec plaisir. C’est encore le cas avec les Texans qui bénéficient d’une forte sympathie pour que cet album en quart de teinte n’énerve jamais.
Note : 6/10