Za!, ça ne sera pas trop difficile à retenir. Mais plus compliqué à décrire. On n’ira pas chercher une explication bancale, un pourquoi du comment deux barcelonais ont trouvé l’une des combinaisons les plus “world” qui soient. Si l’inspiration et le talent s’expliquaient, votre serviteur se serait déjà injecté depuis longtemps le précieux sérum.
Za! De “z” à “a”. Z comme les disques qu’on classe à la fin, synthèse inattendue de tout ce qu’on a entendu depuis le début. Et le point d’exclamation qui martèle le désir de nous prendre à rebrousse poil, du z vers le a. Les rythmiques tout en percussions viennent tout droit d’Afrique centrale, ce n’est pas un hasard qu’un morceau s’intitule Casamance. Mais la manière de mélanger le tout, de construire les titres, de faire un rock minimaliste et souvent bruitiste, nous amène clairement vers le Japon de OOIOO et Nisennenmondai.
A moins qu’on prenne au sérieux le titre de leur premier album, Macumba o muerte, qui nous emmène vers le Brésil, versant tropicaliste sous acide autant que baile funk. Za, c’est un peu Deerhoof qu’on aurait laissé enfermés trop longtemps dans la soute d’un avion cargo en plein tour du monde. Le label Gandula a eu le nez creux, ou alors ils étaient complètement pintés le jour où ils ont signé ce groupe bizarroïde. Ils se sont sans doute dit “on va les signer, on sait jamais, on finira par comprendre un jour ce que c’est qu’ils font”. Comme leur Nouakchott, titre hors-album publié en split-record avec le groupe Nisei, ni électro ni jazz ni afro-caribéen, ni… Ecoutez plutôt par ici.
L’alphabet n’est pas le seul à en être tout retourné. Megaflow, sorti en janvier sans que ça perturbe grand monde, a pourtant de quoi vous faire renverser la chicorée sur la nappe. Tentez l’expérience avec votre petite tante Rosa, si gentille et toujours tirée à quatre épingles. Rosa, que vous appelez Rosita en lui faisant la bise sur ses joues qui rosissent aussitôt. Vous lui avez “apporté de la musique espagnole”, et elle vous signale au passage que votre arrière-grand-père chantait drôlement bien.
Elle est pas cardiaque votre petite Rosa, tout de même? Faudrait pas que la blague vous mette en pages intérieures du Parisien, non plus. Pour l’amadouer, vous lui dites que le début de Doble cobra sonne comme le Hey Pachuco qui l’avait emballée dans Mask. “Mais tu écoutes du jaze maintenant, tu t’intéresse à plein de choses c’est bien.”
Exact tatie, par exemple un truc qui vous a intéressé récemment c’est un film gore, une série Z japonaise où des mariachis mangeurs d’homme sont combattus à la hache par un groupe de danseurs de tektonik. “Comment je peux t’expliquer ce film Rosita? Heu… attends je te mettre le disque tu vas voir, t’auras l’impression d’être dans la scène de démembrement, quand le chef découpe ses pieds pour qu’ils puissent continuer à danser après sa mort empalé sur une guitare.”
Open. Close. Play. Monter le volume. Se retourner.
“Rosita?! Tu m’entends Rosita? voilà, j’éteins le disque, tu peux sortir de sous la table. Sinon, je comptais te proposer de m’accompagner les écouter vu que j’ai deux places, tu crois que ça intéressera papi? Mmm… Même si je lui dis qu’ils sont de Barcelone?”
Za! prend la musique qu’on connait pour en faire un truc qu’on ne connait pas. Za!, le groupe qui fait même dresser les cheveux sur les perruques. Tu viens? C’est par là avec ce clip réalisé par Natxo Medina.