ABSENT de Marco Berger
Sortie le 27 juillet 2011 - durée : 1h20 min
Malaxer les genres pour traiter de l’homosexualité, qu’elle soit sous-jacente, refoulée ou finalement assumée : tel semble être le plan de carrière de Marco Berger, dont l’Absent fait suite à un Plan B fichtrement prometteur. Après être passé par la case comédie romantique / bromance pour son premier long, le cinéaste argentin touche ici au thriller psychologique et au huis clos pour montrer l’éveil aux sentiments d’un jeune nageur vraisemblablement attiré par son professeur de sport. La mise en place est feutrée et délicate, tournant patiemment autour des protagonistes et laissant les situations dans un flou artistique volontaire. Puisqu’il s’agit de faire planer l’ambiguïté autour des deux personnages, il serait inconscient de foncer dans le tas. Alors, comme dans Plan B, Berger prend son temps.
Le défaut d’Absent, c’est qu’il semble au final trop évasif, pas assez appuyé pour que son propos soit clairement identifiable. À des dialogues risquant d’être trop didactiques, Berger préfère les longues scènes muettes ou presque, hélas trop appuyées par une illustration musicale à la limite du lourdingue. On a bien compris ses envies de jouer avec les codes du thriller, de tirer du suspense à partir d’éléments semblant en être totalement dépourvus, mais sa façon de procéder manque sérieusement de finesse. C’est comme si le réalisateur comptait sur la partition musicale pour signifier ce qu’il n’ose dire clairement dans son script. Cela aurait sans doute pu fonctionner à l’aide d’un compositeur de génie ; ce n’est franchement pas le cas ici, ce qui donne parfois à Absent des allures de film pompier.
Fort heureusement, le film de Marco Berger atteint régulièrement de troublants sommets. Il opère une saisissante inversion des points de vue, imperceptible pendant un bon moment, afin de quitter les yeux du jeune Martin pour adopter le regard de Sebastian, son professeur, dont le désarroi se fait de plus en plus profond. À quel instant réalise-t-il qu’il est l’objet du désir de Martin ? Quelle est la nature exacte de la gène qu’il éprouve ? Berger ne répondra pas avec précision à ces questions, préférant se faire de plus en plus vaporeux quitte à perdre l’attention de son audience. Fantasmes, rêves, réalité : tout se mélange dans l’esprit des deux personnages, et leur confusion est la nôtre, sans que l’on sache jamais vraiment si tel était le but.