Ian MacKaye #5 : blueprint
Les mots importent peu. Tout est question d’émission et de réception.
Prenons le mot “Nevermind”.
Chez un éphémère groupe punk anglais censément culte, il signifie “Je m’en bats.” (les couilles en l’occurrence)
Chez un éphémère Kurt Cobain, il signifie ” rien à foutre je vais mourir dans pas longtemps alors bon, vos petites affaires hein …”
Chez Ian MacKaye, il signifie ” Aucune importance, ça ne suffit pas.”
Le mot qui vient pour évoquer Fugazi est l’intégrité. Mais les mots importent peu.
Dans ce magistral Blueprint habité par la voix vénéneuse de Guy Picciotto, les mots importent peu. On en retiendra cet inattaquable constat :
“It’s just a matter of knowing when to say no or yes.”
Enfin je n’en retiendrai longtemps que ça et quelques bribes éparses. «I’m not playing with you», «whipping that smile of your face», ce genre…
Dans «Blueprint» les paroles sont opaques et la colère est sourde. Dans «Blueprint», la voix de Guy Picciotto vous frappe à l’estomac, transperce le foie, boxe votre conscience et se fraie un chemin jusqu’à l’âme.
Puis elle y reste.
C’est dire la force d’évocation de la chose.
Et la voix de Guy Picciotto dépose dans votre âme cette phrase, comme un mantra, cette phrase que l’on jurerait convenue chez d’autres, mais qui, chez Fugazi, ne se discute pas :
“It’s just a matter of knowing when to say no or yes.”
Ian MacKaye a eu l’intelligence de partager le micro avec Guy Picciotto. Ian MacKaye est un modèle d’abnégation et ce «Blueprint» vous laisse hanté par cette satanée voix écoeurée qui suinte le sain dégout.
“It’s just a matter of knowing when to say no or yes.”
No / Yes
2 mots et une seule vie.
Les mots importent peu.
C’est ce que vous en faites qui compte.