Non, pas une lubie.
L’Espagne, pas un fantasme ni un retour piteux sur ce tour de karting extorqué à 8 ans sur des machines réservées à ceux qui en avaient quatre de plus (et un beau carambolage qui guérit de l’envie de conduire). Non non.
L’Espagne. Loin du flamenco, loin du clicheton navrant Hijo de la luna. On cherche à comprendre. Etre amoureux de Madrid n’explique pas tout, on ne connait pas Séville et on adore des groupes venus de bleds où on se jure de ne surtout jamais mettre le pied. Avoir croisé la blonde Cristina à 16 ans ne dira pas plus pourquoi Pony bravo. L’an passé Vincent Moon a filmé le groupe en live ; au détour d’un plan de coupe surgira peut-être l’explication.
Encore un groupe espagnol… mais qu’est-ce qui nous a pris encore? Ils sont pas beaux mes anglais, demandez mes anglais, et mes californiens, bien frais mes californiens demandez! Pffff, exotisme idiot, hein ?
Evidemment. Il est inégal ce Gramo de fe. On n’attend pas toujours que le morceau aille à son terme, on préfère passer directement à l’excellent Fullero par exemple, tendu comme une impro no wave. Pony bravo part d’un rock répétitif, entêtant et simple, et laisse pousser sur cette riche friche des graines arrivées de partout, cactus mexicain, peyotl californien (à moins que ce ne soit l’inverse), tourbe de Westphalie, kapokiers du Ghana, mariposa cubaine, fleurs de bitume new yorkais…
Un gramme de foi. Juste ce qu’il faut pour les suivre, ce brin de confiance qu’il faut pour ingérer la pilule placée dans votre main par ce chaman au regard malicieux. L’ingrédient grâce auquel va débuter une rave avec les dieux. Diabolique La rave de dios qui nous laisse courbé et haletant, pouce levé pour demander cinq minutes de répit.