Les groupes ayant un article sur wikipedia sont assez courants, ce qui est d’ailleurs plutôt pratique pour ne pas vous raconter trop de carabistouilles. Plus rares sont ceux qui se sont constitué un wiki. C’est le cas de Bento et ça se lit ici. Quand on a abordé le groupe par ce biais, on s’imagine aisément à une expérience délirante et opaque. En fait, ce n’est pas exactement ça. Délirant et inventif, ça l’est sans doute aucun, mais obscur ou hermétique, certainement pas. Leur délire wikiesque a au moins le mérite de préciser que ce ne sont pas des opportunistes, mais des pratiquants du délire de talent.
Leur première sortie s’appelle III, mais à ce niveau-ci, vous aurez compris que la logique ne pourra être qu’interne et personnelle. Cette fois, le détail des titres ne sera pas éclairant, puisque les morceaux n’en ont pas vraiment. De plus, certains sont articulés en plusieurs parties. Pourquoi l’accoler dès lors que les morceaux n’ont pas de titre ? Pourquoi pas en fait ? C’est plutôt comme ça qu’ils pensent je crois. On peut donc au sein d’un même ‘morceau’ passer d’un délire proche d’un Dan Deacon dérivant vers un garage psychédélique, à une balade éthérée. C’est en effet dans la zone franche que fréquente l’électron libre de Philadelphie qu’il conviendra de trouver des cousinages.
Vous aurez compris, futés que vous êtes, qu’on passera par tout l’arc-en-ciel : psychédélique, kraut, garage, tout. Ils ont même des morceaux pop évidents dans leur sac à malice et ne reculent pas devant des parodies de radio avec morceaux incrustés ou voix japonaises (à vue d’oreille). Constants sont par contre l’accent frenchy (je m’en veux de remarquer ça tellement souvent, mais rien à faire, je le remarque) et le ton ensoleillé.
Ou veulent-ils en venir ? C’est une question qui me vient rarement à l’esprit, la musique se suffisant souvent à elle-même. Mais après la cryptique et plaisante présentation, l’album tire dans tellement de directions qu’il semble virtuellement impossible de se faire un avis. L’album est un appel aux moyens et on peu dire qu’occasionnellement, on comprend l’envie d’étoffer le son (il est bon ceci dit), d’offrir à ces compositions variées plus d’ampleur.
Se cacher derrière un concept pour masquer l’indigence des compositions, très peu pour Bento. Cette bande-là a besoin d’espace d’expression pour son trop-plein d’imagination tout simplement. Oui, c’est copieux, et si la nuit a été mauvaise la cote d’alerte peut être atteinte, mais ces touche-à-tout ont un tel manque de préjugés et de complexes que leur appétit est communicatif.