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Il suffisait de rien, juste un bout d’été, laisser venir les vents marins, remonter les humeurs enchanteresses depuis l’envers du monde. Kins, arrivés avec l’un des bijoux de l’année, suffisamment court et dense (7 titres et seulement 26mn) pour éviter les baisses de régime et frôler la perfection (ah ce final qui s’étire et nous emporte).

Tour à tour leurs collages font apparaître les ombres de Pavement, de Radiohead, ou même de Chairlift, météore de ces dernières années, et puis Zaza, nos amoureux de l’an passé. Trop bons, trop sexy, trop doués, font chier ceux-là !

Kins, définitivement l’une des révélations de l’année. “La” révélation? Appâtés par les premiers titres en écoute, on restait sous le charme de ce groupe capable d’allier la nudité trempée à la chaux de Sonic Youth et la noblesse triste de Radiohead. Qui donc pour épancher cet appétit? Au côté de l’album de Jay Mascis, justement applaudi, une place reste vide. On a oublié de convoquer Kins. Comme si la pop indé restait le continent oublié du pays continent. Comme si l’on avait déjà oublié les trésors des Go-Betweens, les gourmandises de Sugargliders, le folk appaisé de Cascadeer ou les mélodies fines de Sarah Blasko. Mais qui les a réellement écoutés, ceux-là, qui prospèrent loins de spots, à l’ombre des sous-bois odorants.

Kins, inusable après un été à voyager avec nous. Parti des rochers coupants des falaises de Port Philip, ce disque court cabote élégamment sur une mer aux reflets nacrés. Des dizaines d’écoutes ont usé le saphir sans entamer notre joie de remettre et remettre trois des plus beaux titres de 2011. Til he stirs fleure bon un Radiohead apaisé en mode drague avec Beach house. Mais que dire alors des deux pépites restantes? Mockasin’s rend hommage au Connan du même nom, qui leur offre la première partie de leur tournée. Entre gens talentueux, on sait se reconnaître. Un bijou de pop actuelle mais qui ne vieillira pas.

Vieillir ensemble, c’est de ça qu’il s’agit. Tu reviens l’an prochain? Si tu m’aimes encore accroche ce coquillage au haut de ton bikini, la courbe de tes cuisses ondulera dans mes songes comme la basse de For this modern day, par qui toutes les images de vague et de rivage prennent la couleur de tes lèvres. Attends, oui c’est ça, ouvre les yeux à présent, et pose tes mains sur les miens, encore… encore… encore ne t’arrête jamais que cette nuit nous emporte avec elle à jamais!

Kins, un groupe capable de magnifier à ce point le presque rien, et de répandre tant de sensualité avec une demi-innocence, rappelle étrangement les émois de the XX et Beach house, qui nous mirent le rose aux joues jusqu’au bas du caleçon.  Et ça, ce sont des souvenirs pour longtemps.

https://www.youtube.com/watch?v=ZRnYaV748Q0