Plus que jamais les chansons de « Clutching Stems » transpirent d’humanité et d’amitié. Déjà en 1997 à l’époque de « Beverley Atonale », The Ladybug Transistor était une histoire d’hommes et de femmes, un groupe qui puisait sa passion et sa fraicheur dans l’amour et la fraternité (le sextet comptait alors en ses rangs deux couples, et un frère et une sœur) ; des chansons si twee qui ne pouvaient supporter le moindre le cynisme. Tout au long de sa carrière, et ce malgré les nombreux changements de line up, il a su rester fidèle à l’esprit Elephant 6 auquel il a toujours été affilié. En 2007, lorsque sort « Can’t Wait Another Day », cela fait plusieurs mois que San Fadyl, batteur du groupe qui joue sur l’album, est décédé des suites de complications liées à son asthme. A cette tragédie, qu’on imaginait empêcher le groupe de poursuive sa tournée, Gary Olson répondit juste que cette mort, aussi difficile soit-elle à accepter, avait tellement resserré les liens du groupe qu’ils ne pouvaient que continuer encore et encore.
Et ce encore, c’est donc « Clutching Stems », magnifique nouvel album de pop lumineuse qui sent toujours le doux parfum de Sarah Records. Comme souvent chez The Ladybug Transistor, il n’y a pas une chanson qui guide l’album, pas de single ultime (quoique j’ai quand même bien du mal à sortir « Hey Jack I’m On Fire » de ma tête), juste une collection parfaite de dix perles réjouissantes pleine de promesses radieuses mais aussi de souvenirs emplis d’une douce et langoureuse nostalgie ; peu importe alors que la cohérence des précédents opus ait disparu et que certains arrangement pèsent un peu sur la fluidité des titres.
Les cuivres enjoués de « Caught Don’t Walk » contrastent avec le sang que Gary Olson a sur les mains au travers de son personnage. Et c’est sans cesse cette impression qui revient à nouveau : celle d’une joie sincère mais qui porte dans son subconscient le visage doux-amer de sa propre fin. Oui c’est cela, The Ladybug Transistor a beau laisser mille et un sourires dans le présent, on sent qu’il porte déjà en lui l’angoisse des époques qui seront bientôt révolues (« Ignore the Bell »).
Sept albums en seize ans, une légèreté qui a transpercé les drames, et ce « Clutching Stems » qui ne touche jamais le sol, qui ne trébuche jamais, qui peut danser avec une mélodie kitsh sans jamais se marcher sur les pieds, qui sait rendre le moindre violon délicieux (la fin de « Oh Christina »). Oui le groupe de Brooklyn vient d’offrir le canevas très classique dans lequel on voudrait bien que Belle & Sebastian se glisse à nouveau.
Note : 7,5/10