Y a-t-il une part de déterminisme à toujours écouter les mêmes genres, à tourner en rond dans un pré carré ? Je n’en sais trop rien, mais même si la découverte d’un groupe me met toujours dans un état de mélancolie léger, je dois dire que j’en redemande.
Se laisser porter, lancer un album sans presque rien en connaitre, parce que le nom du groupe inspire, parce que la pochette est chouette. Et puis entendre Daily News, s’empêcher de penser à tous les autres groupes qui font pareil, parce que tout simplement on est là pour cet instant, et qu’on savoure d’avance le plaisir simple de faire passer le tuyau, d’écrire un article pareil à plein d’autres, inclure son morceau sur une compilation et elle aussi la faire tourner.
Ce duo composé d’anciens membres de The 1900’s (inconnus de mon bataillon) compose et joue de la musique légère, comme peut en faire Vetiver, de celles qui sont si faciles à écouter et tellement compliquées à commenter, parce qu’elles ne sont pas riches d’évocations sombres ou n’ont pas un énorme vécu avec nous. Je veux dire que pour certains groupes, il y a trois paragraphes prêts dans la tête, et puis pour d’autres, il va falloir suer de semaines, palper pendant longtemps la carapace lisse avant de trouver un point d’accroche. Ou ne pas trouver, mais en chemin noter la proximité d’artistes comme Jonathan Wilson ou Wilco, et encore plus admirer la propension de ces derniers à transcender le genre.
On présente ça comme une relecture du country-rock. A part un peu de slide placée là dans un but purement planant, ce n’est vraiment pas de la musique pour bottes à franges. Et s’il y a un peu de peu de soli apaisés, on est plus sensibles à leur façon de trousser une balade ou une intro au piano, et on préfère leur sens du chorus discret (Digital Madness) à leur occasionnelle volonté de jouer un peu plus fort (Bail Me Out).
Ecrire sur de l’air n’est pas toujours gratifiant. Le lire non plus, sans doute, mais vous aurez compris que j’ai pris un plaisir simple et volatil à l’écoute de cet album. Sans doute que c’est un effet de l’âge, mais j’apprécie de plus en plus ces petits bonbons fondants, et je ne conçois plus de honte à apprécier ce soft-rock soyeux. N’essayons cependant pas de survendre ce genre d’albums, qui ne reste pas en mémoire et dont on ne profite que sur l’instant. Mais bon, j’imagine qu’arrivés ici, vous l’avez compris et savez déjà si vous voulez en savoir plus.