Les albums ne sont pas toujours ce qu’ils semblent au premier abord. Et il faut toujours résister à la tentation de classer un groupe lors d’une première écoute. A première vue donc, il semble facile de penser que Joan and The Sailors va nous emmener dans les environs de Warpaint. Il y a une voix distincte pour ça, plus quelques entrelacs de guitare aux sons froids. Pourtant, petit à petit la singularité se réveille, quand la sauce prend lentement sur Light Over Innsmouth.
De plus, si la voix de la chanteuse peut sembler le point central, on découvre vite que l’intérêt se trouve ailleurs. Le chant est plus souvent suggéré, et s’approche plus de la déclamation que de la mélodie telle qu’on la conçoit dans la chanson. On pensera notamment à Anne Clark, voire Dominique Van Capellen (Keiki, Baby Fire) pour les plus pointus (ou les plus jeunes). On le voit, ce n’est pas toujours aussi pop que chez les Californiennes de Warpaint, et des passages plus intenses comme Puzzle Of Bees y prennent un relief particulier.
Finalement, ces passages instrumentaux, comme celui de Blue Moon, sont ce qui épaississent cet album, le rendent moins anecdotique et plus intense. Si la voix occupe souvent les avant-postes, elle n’est pas suffisamment singulière pour se suffire à elle-même. On apprécie aussi les entrelacs du plus musclé Home Storm placé en fin d’album. Power That Bee a lui aussi comme attraction principale un chorus plein de guitare.
Joan change aussi parfois de de langue. L’intention est louable, parce que la musicalité d’une langue n’est pas l’autre. En Guantes Blancos s’en sort pas mal en Espagnol en tous cas. Et puis si les paroles de La Réalité ne sont pas indignes, il semble envisageable que la chanteuse ne les comprenne pas trop. Et les constructions sont étranges. Un peu comme du Vive la Fête au premier degré donc. Mais l’intensité est tout autre, parce que l’arpège de guitare s’accorde bien avec une généreuse couche de violon. On le voit, le mélange de Joan and The Sailors est plus complexe qu’on avait pensé de prime abord. On a souvent raison d’approfondir un album.